Saviez-vous que le premier site web français* a été réalisé dans un centre de recherche bien particulier, aux initiales très techniques, près de Lyon ? Il y a presque 25 ans, au sein du Centre de calcul de l'Institut national de physique nucléaire et de physique de particules (CC-IN2P3), les deux ingénieurs Wojcik Wojciech et Daniel Charnay étaient à la fondation du 4e site web mondial. C'était en 1993. A l'époque, pas grand monde, dans l'Hexagone, pariaient sur cette révolution.
Infiniment grand et infiniment petit
30 ans après sa création, le CC-IN2P3 a gardé sa discrétion. En revanche, le centre est toujours aussi révolutionnaire et hautement technologique. "Nous participons à la recherche internationale dans les domaines des deux infinis", explique Pierre-Etienne Macchi, directeur du CC-IN2P3.
Dans celui de l'infiniment petit, il s'agit par exemple de l'observation de collisions de particules à la recherche du boson de Higgs. Ces collisions, qui se qualifient en "pétaoctets" (Po)", sont provoquées dans de grands appareils qui coûtent des millions d'euros et sont nécessairement mutualisés entre les pays. "C'est typiquement le cas du LHC, l'accélérateur de particules du CERN à Genève, qui a pour objectif de comprendre le fondement de la matière", illustre-t-il, se réjouissant que l'existence de ce boson ait en partie été confirmée grâce aux moyens du Centre de calcul de l'IN2P3, lequel a été impliqué aux côtés de 12 autres centres.
Dans le domaine de l'infiniment grand, citons l'observation de particules qui proviennent de l'Univers. "On a réussi à détecter les ondes gravitationnelles grâce à la collision des trous noirs", rapporte M. Macchi. Ceci est l'œuvre de l'expérience VIRGO menée en Italie sur l'antimatière. Le télescope LSST vise lui à réaliser un catalogue du ciel chaque nuit, dans l'objectif d'en savoir un peu plus sur la matière et l'énergie noire. Autant d'expériences grandioses qui font appel à des puissances de calcul faramineuses.
De l'Univers aux réseaux
Le CC-IN2P3, centre de traitement de données français des plus grandes expériences de physique depuis des décennies, est aussi un lieu stratégique d'hébergement de nombreux services.
A commencer par les points d'interconnexion (nœuds) d'opérateurs réseau, et prochainement le réseau haut débit du Grand Lyon, qui bénéficiera dans un premier temps aux PME (début des travaux mi-octobre). Toujours au niveau local, le CC-IN2P3 est partie prenante dans le projet CIDRA, financé dans le cadre de l'actuel Contrat de plan Etat-Région, qui vise à doter la région Auvergne-Rhône-Alpes d'une infrastructure intégrée de calcul haute performance et de stockage de données unique en France.
+25 % de capacité par an
Et pour les années à venir, le CC-IN2P3 compte bien rester performant. "La capacité de calcul a été multipliée par un facteur 3 entre 2009 et 2016, et celle de stockage par 5" rappelle M. Macchi, annonçant que le CC-IN2P3 s'était engagé à fournir un stockage de 67 Po d'ici 2030 pour le satellite Euclid en construction, et offrira une capacité de 375 Po à terme pour le télescope LSST... ce qui représente un taux d'accroissement des capacités de 25% par an.
Les autres sciences occupent une part très mineure (3%) des capacités du centre de calcul, mais sont appelées à se développer, à l'instar du projet HumaNum dédié au transfert de technologies en sciences humaines, ou de l'Institut de Recherche Technologique (IRT) BioAster qui utilise le service pour le stockage des données "multi-omiques" (génomiques, protéomiques, etc.) liées à la microbiologie des maladies infectieuses. "Le CC-IN2P3 est un point névralgique pour la communication réseau de tout le monde économique" conclut son directeur.
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