
Article créé le 7/05/2015 à 12h11/Actualisé le 17/09/2015 à 16h20
La jeune pousse lyonnaise Kallistem SAS annonçait en mai dernier qu'elle était parvenue à produire des spermatozoïdes humains in vitro, c'est à dire en laboratoire, fin 2014. Ce jeudi, lors d'une nouvelle présentation, la startup a validé ses recherches avec la caution du CNRS.
"Cette innovation qualifiée de rupture, et de première mondiale, est l'aboutissement d'une vingtaine d'années de recherches menées au sein de l'Hôpital Femme Mère Enfant de Lyon (Hospices Civils), en particulier, par Phillipe Durand et Marie-Hélène Perrard, deux spécialistes en biologie de la reproduction masculine. D'autres équipes dans le monde s'y attellent depuis longtemps mais butent sur la bonne fin de la spermatogenèse.
Deux brevets déposés
Le processus consiste à former des spermatozoïdes matures à partir d'un prélèvement de tissu testiculaire endogène, c'est à dire provenant du patient lui-même. Les cellules germinales ainsi récupérées sont cultivées sur un cycle de 72 jours. Kallistem, qui compte 6 personnes, s'appuie sur deux brevets déposés : le premier concerne le bio-acteur (dans lequel s'effectue la maturation des cellules) et objet d'un accord d'exploitation de licence avec l'Université Lyon 1. Le second porte sur le procédé de culture proprement dit.
Installation dans Accinov
Spin off de l'ENS de Lyon, qui l'héberge encore, Kallistem a été crée en 2012 avec un capital de départ de 30.000 euros. Pour poursuivre son chemin, et mener à bien les études précliniques et ensuite cliniques elle doit lever "entre 2 et 3 millions d'euros d'argent scindées en deux tranches pour des raisons pragmatiques", explique Isabelle Cuoc, présidente de la startup. La première phase d'1 million d'euros - les démarches ont été engagées il y a deux mois auprès de business angels et fonds de tout bord - servira à financer l'aménagement d'un laboratoire dans Accinov (plateforme de Lyonbiopole) et à payer les dépenses liées à la phase préclinique (sur des souris). "Nous pourrons la commencer dès que nous aurons l'argent", précise la présidente.
Infertilité et préservation
Le calendrier prévoit l'achèvement des études précliniques fin 2016 et le démarrage des essais cliniques en 2017 sur un échantillon d'une trentaine de patients. Si tel était le cas, Kallistem pourrait donc démarrer son activité commerciale en 2019 ou 2020. Elle se positionne sur un marché planétaire pouvant atteindre 2,3 milliards d'euros et qui progresse pour des raisons liées notamment à des facteurs liés à l'environnement.
Elle cible à la fois des hommes adultes dits infertiles et, dans une approche préventive, des jeunes garçons non encore pubères dont la fertilité est menacée par une chimiothérapie. Le modèle économique de la jeune pousse consistera, tout au moins dans un premier temps, à effectuer des prestations de services pour des Cecos (Centres d'études et de conservation des œufs et du sperme), en France, ou des biobanques, ailleurs dans le monde. Il pourrait ensuite évoluer vers la fourniture de "kits".
Sujets les + commentés