L’usine à salades

Par Yamina Tayeb  |   |  509  mots
Le projet de ferme urbaine s'oriente dans un premier temps dans la production de salades.© FUL Illustration S. Buttarazzi
Le projet FUL (ferme urbaine lyonnaise) devrait éclore en juin 2016. Ce concept de maraîchage urbain dans la production de salade, sur le modèle de la Belgique, vise à diminuer les coûts de logistique, qui représentent 60 % du prix d’achat d’une salade, et les impacts environnementaux.

Pas de rejet dans l'environnement, 80 % de pesticides en moins, dix fois moins d'eau que dans une production classique, le projet FUL présente bien des avantages. Un concept simple mais novateur : la production verticale. Dans un local de 1 000 m², les trois porteurs du projet Philippe Audubert, historien et urbaniste, Didier Gaydou, architecte, et Christophe Lachambre, financier, ont imaginé un système de tapis roulant qui ferait monter les salades dans les étages (trois au total pour une surface agricole de 2 200 m²) au fur et à mesure de leur maturation. Le tout serait éclairé artificiellement grâce à des LED placées à chaque étage, ajustées en fonction des besoins des salades.

Répondre aux besoins environnementaux

« Actuellement, une salade parcourt 1 000 km avant d'arriver dans notre assiette. Sa culture nécessite 25 litres d'eau par unité et sa durée de vie est de huit jours. 60 % de son prix est dû à la logistique (transport, réfrigération...). », explique Philippe Audubert.

FUL se place donc sur le marché du maraîchage urbain pour répondre à la demande en limitant les coûts et les impacts écologiques en réduisant la consommation en eau, les coûts de transport, etc. «Le fait de s'ancrer dans le paysage urbain permet un gain de temps et donc d'argent pour FUL, mais évite aussi la concurrence directe avec les exploitations agricoles classiques.», poursuit l'urbaniste.

De plus, le système utiliserai une quantité réduite de pesticide puisque les salades pousseront dans des gouttières (donc hors terre, ce qui limite les risques) dans lesquelles circulera de l'eau enrichie en nutriments, elle-même puisée dans les systèmes de récupération des eaux de pluie.

Un modèle évolutif encore à construire

La « machine à fabriquer des végétaux » est prévue pour juin 2016. Elle n'est pour l'instant qu'à l'état de projet et attend la validation de son business plan à la rentrée 2014. Aucun chiffre n'a été communiqué quant au coût de production de cette usine à salade. Mais les initiateurs de ce projet, à l'image de Philippe Audubert qui imagine déjà :

« Cette production verticale offre la possibilité de s'implanter de partout, autant au sous-sol que sur un toit d'immeuble, on peut vraiment être nomade. »

La salade a été choisie comme végétal test, car il est plus simple à cultiver, mais à long terme le concept pourrait s'étendre à différentes sortes de fruits et légumes, puisque la maturation des végétaux dépend de la lumière, ajustable grâce aux LED.
Les porteurs de FUL ont rencontré des élus du Grand Lyon, ils sont actuellement en recherche de foncier pour trouver le site adéquat. Une levée de fonds est prévue à l'automne 2014 pour créer un bureau d'études pour l'ingénierie du site. A long terme, les trois associés espèrent créer une franchise de FUL, afin de transmettre un cahier des charges fonctionnel, qui permettrait par exemple aux pays surpeuplés, comme l'Inde, de produire au cœur de la ville dans une logique d'économie d'espace.