KPMG Jean-Luc Decornoy, résident suisse

Par Denis Lafay  |   |  434  mots
Selon nos informations, Jean-Luc Decornoy possède un appartement dans une résidence à Crans-Montana. Crédits DR
Jean-Luc Decornoy fut à trois reprises (et jusqu’au printemps 2013) président du directoire de KPMG SA. Officiellement retraité, en réalité vice-président Europe – Moyen Orient – Afrique du groupe, il relève depuis le 1er octobre 2013 de la fiscalité de la Suisse, où il a acquis un bien immobilier en juillet de la même année. Les questions que soulève un tel dépaysement ne manquent pas.

Selon nos informations, celui qui présida le directoire de KPMG SA jusqu'au printemps 2013 (et depuis trois mandats) Jean-Luc Decornoy, officiellement domicilié au moins jusqu'en 2012 à Neuilly-sur-Seine, possède un appartement dans une résidence de Crans-Montana (canton du Valais), acquise en juillet 2012 et dont la valeur fiscale est estimée à 450 000 francs suisses.

Un point de chute opportun

Un point de chute, pour tout « étranger » dans cette situation, opportun pour disposer de comptes bancaires et y abriter tout ou partie de ses revenus, notamment mobiliers, et idéal pour bénéficier des dispositifs fiscaux lumineux qu'octroie le statut de résident... à condition d'y aspirer et, pour cela, d'être « installé durablement » dans le pays, c'est-à-dire y demeurer au moins 90 jours sans interruption notable et/ou 183 jours dans l'année.

Sur un plan fiscal, l'intéressé était imposé jusqu'au 30 septembre 2013 « hors pays » et, depuis le 1er octobre, relève de la règlementation helvétique - taxation au forfait. Lorsque l'employeur est lui-même domicilié en Suisse, les critères d'éligibilité - notamment ceux relatifs à l'étroitesse des liens personnels, familiaux et sociaux, avec le pays - se trouvent considérablement renforcés, et une grande partie des contraintes comme des suspicions est levée.

Un seul bien ?

Est-ce au nom de KPMG International Cooperative, entité de droit suisse, que Jean-Luc Decornoy aujourd'hui exerce ses responsabilités de vice-président Europe/Moyen-Orient/Afrique - et hier accomplissait tout ou partie de ses responsabilités à la présidence du directoire ? Autre interrogation : ce bien immobilier est-il le seul que l'intéressé possède en Suisse, ou bien, comme un investigateur local invite à le supposer à l'aune de son expérience, n'est-il qu'une « adresse » sise dans la circonscription fiscalement la plus avantageuse - le Valais est caractérisé par l'absence de droits de succession - et laissant à son propriétaire le soin de résider dans d'autre canton et sous d'autre toit plus agréables ?

Restent l'interprétation, les questionnements, les fantasmes, légitimement fondés, que la divulgation d'une telle information aurait sécrétés au sein de KPMG et surtout parmi les clients ; la réputation du groupe, notamment à l'aune de ses prérogatives mais aussi du contexte de lutte contre l'exil fiscal en Europe et de la course à « l'exemplarité éthique » à laquelle se livrent les professionnels du chiffre, ne risquait-elle pas de perdre lourdement à être associée à un président discrètement installée au cœur des montagnes helvètes et secrètement rebaptisé Petit Suisse au sein du cabinet ?

Lire la fin de notre enquête sur notre site le 30 juillet.