1001Pact démocratise et responsabilise l'investissement

Créée en 2014 par Eva Sadoun et Julien Benayoun, la plateforme d'investissement solidaire arrive à Lyon. Son ambition est de faire éclore des projets issus de l'économie sociale et solidaire qui peinent à trouver des fonds propres afin de se développer. Une initiative de crowd equity novatrice en France.
Les deux fondateurs de la plateforme d'investissement participatif 1001Pact, Julien Benayoun et Eva Sadoun.

1001Pact tente l'aventure lyonnaise. Le lancement de l'antenne locale de cette plateforme de crowdfunding dédiée à l'entrepreneuriat social a été officialisé mercredi soir, lors d'une soirée sur la péniche La Plateforme. A l'origine de ce concept novateur, Eva Sadoun et Julien Benayoun.

"Nous nous sommes rendus compte que les entreprises de l'économie sociale et solidaire avaient davantage de difficultés pour obtenir des fonds propres", explique la jeune femme.

Dans ce secteur, la rentabilité est plus lente. Aussi, "les fonds d'investissements ou les business angels s'y intéressent peu" car ils visent davantage l'immédiateté.

Accompagnement des entreprises...

En octobre 2014, avec Julien Benayoun, cette diplômée de l'emlyon a alors l'idée de lancer 1001Pact.com, la plateforme d'investissements participatifs pour des projets ayant un fort impact environnemental et sociétal. Dans ce cadre, les particuliers peuvent devenir des "business angels solidaires" et intègrent le capital des entreprises qu'ils ont choisi de financer.

Ces entreprises sont triées sur le volet. "Nous adoptons les mêmes démarches que pour un fonds d'investissements responsables", explique Eva Sadoun.

La RSE (responsabilité sociale des entreprises) est notamment analysée, tout comme la viabilité du projet ou les critères environnementaux sociaux de gouvernance. En 2015, quatre projets ont ainsi été sélectionnés sur la soixantaine de postulants. Et au total, un million d'euros a été collecté. En ce début d'année 2016, dix projets sont en cours de financement. Les différentes levées de fonds devraient être clôturées d'ici le mois de juin.

1001Pact

Grâce à 1001Pact, quatre projets ont déjà été financés, une dizaine sont en cours.

...et des investisseurs

Mais les porteurs de projets ne sont pas les seuls à être accompagnés. Les potentiels investisseurs aussi, comme le raconte Eva Sadoun : "Le but est de conseiller des gens, nous ne voulons pas qu'ils perdent de l'argent."

De fait, lors de l'inscription un questionnaire comprenant les motivations, le patrimoine, les expériences dans le financement, doit être rempli. Derrière, c'est tout un travail de démocratisation qui doit être opéré.

"Des sites comme KissKissBankBank ont démocratisé le participatif, mais pas l'investissement. Devenir actionnaire est encore très peu compris car on pense tout de suite à des sociétés du Cac 40."

Pour l'heure, le pari semble réussi car seulement ¼ des investisseurs disposent déjà de produits solidaires, comme par exemple d'un compte à la Nef, une banque éthique. Parmi les autres profils d'investisseurs, on retrouve des particuliers payant l'ISF, des bénéficiaires - autrement dit des personnes sensibles à ces problématiques -, mais aussi des 30/40 ans, "qui participent surtout pour l'aventure entrepreneuriale et pour le caractère innovant. Leur ticket moyen est de 2 500 euros", indique Eva Sadoun.

Des commissions comprises entre 4 et 7 %

Le modèle économique de 1001Pact se base sur les commissions lors des levées de fonds. "Elles oscillent entre 4 et 7 %", explique Eva Sadoun.

"Le pourcentage dépend de la provenance des investisseurs : parfois, notre plateforme est juste un outil pour les sociétés, qui disposent déjà de contacts. D'autres fois, nous sommes en charge de trouver des investisseurs."

Un business model qui permet à l'entreprise d'être rentable, deux ans après sa création. Eva et Julien ont ainsi recruté une dizaine de personnes pour développer leur projet.

Pionner en Europe

Dans ce secteur de la crowd equity, 1001Pact fait figure de pionnier en France, et même en Europe où ce type de structure est encore peu répandu. On trouve seulement Ethex en Angleterre et La Bolsa social en Espagne. L'objectif est donc de se déployer.

Première étape avec Lyon :

"Nous aurons une personne à temps plein, qui sera chargée de trouver des entreprises, de les accompagner, de les aider à structurer leurs plans financiers mais aussi de développer les partenariats."

Par la suite, les deux entrepreneurs espèrent conquérir le nord, à commencer par les Hauts-de-France (Nord-Pas-de-Calais - Picardie).

"La région est touchée par le chômage, aussi beaucoup de projets autour de l'insertion se créent."

Outre la France, Eva et Julien comptent aussi conquérir la Belgique avant la fin de l'année. "Et peut-être en Italie à moyen terme."

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