"Aider les PME à garder le cap de la transition écologique"

TRIBUNE. Les 2 milliards d'euros destinés au dispositif de prêts participatifs de l'État afin de renforcer les fonds propres des PME et ETI seront-ils suffisants pour aider ces entreprises à faire face à la crise ? A l'occasion des Journées de l'Économie 2020 (#Jéco) qui démarrent ce mardi, La Tribune Auvergne Rhône-Alpes, partenaire de cet événement, vous livre une tribune quotidienne. Avec, dès ce mardi, Caroline Mini, chef de projet senior à La Fabrique, qui revient sur les liens à créer entre relance et transition écologique.
Chef de projet senior à La Fabrique, ingénieure des Ponts, docteure de l’Université de Californie à Los Angeles, anciennement consultante chez Accenture, Caroline est en charge des projets sur la transition écologique et la compétitivité des entreprises.
Chef de projet senior à La Fabrique, ingénieure des Ponts, docteure de l’Université de Californie à Los Angeles, anciennement consultante chez Accenture, Caroline est en charge des projets sur la transition écologique et la compétitivité des entreprises. (Crédits : DR/Lafabrique)

2 milliards d'euros sont destinés au dispositif de prêts participatifs de l'État pour renforcer les fonds propres des PME et ETI, avec un effet de levier de 10 à 20 milliards d'euros de prêts. Ce montant sera-t-il suffisant pour aider les petites et moyennes entreprises à faire face à la crise et réaliser les investissements liés à la neutralité carbone ?

C'est une certitude, le prix du carbone va augmenter. Pour atteindre la neutralité carbone fixée par la France à l'horizon 2050, la Commission présidée par Alain Quinet a estimé la valeur de l'action pour le climat à 250 euros la tonne de CO2 évitée en 2030. Ce signal prix élevé va amener les entreprises industrielles, des grandes entreprises aux PME, à investir pour décarboner leurs procédés de production. Les entreprises ne sont pas toutes outillées de la même manière pour mettre en œuvre la transition bas carbone car outre les moyens financiers, cela nécessite une bonne connaissance des solutions technologiques et des compétences techniques disponibles.

Investir face à l'enjeu climatique

Les PME industrielles doivent tout d'abord faire face aux changements structurels importants déjà à l'œuvre dans leur secteur d'activité, qui s'accéléreront avec un prix du carbone cher. Des investissements seront nécessaires dans un outil de production flexible pour s'adapter rapidement aux évolutions du marché et être compétitifs. Même si les PME ne sont responsables que d'une faible part des émissions industrielles, elles doivent répondre aux demandes de leurs donneurs d'ordre qui se donnent des objectifs ambitieux de réduction de leurs émissions incluant les émissions de leurs fournisseurs.

Enfin, leurs coûts énergétiques augmenteront du fait de la taxation des émissions liées à la production d'énergie et la mise en place de solutions d'efficacité énergétique leur permettra de limiter cette hausse.

Bien que l'enquête réalisée par Bpifrance Le Lab en juillet 2020 auprès de dirigeants de PME et ETI montre qu'ils ont une conscience élevée de l'urgence climatique, cet enjeu n'est pas prioritaire dans leurs investissements. Les principaux freins indiqués sont les enjeux financiers et le manque de connaissance des solutions technologiques adaptées à leurs besoins. Un rapport du CESE pointe également le fait que les PME ont des ressources limitées en termes de personnes disponibles. Elles doivent donc prioriser en fonction de leurs préoccupations et des transformations en cours.

Alors que les PME luttent pour survivre au choc économique, leurs projets d'investissement sont reportés. Le dispositif d'aide prévu par le gouvernement dans le cadre du plan de relance cherche alors à rétablir leur capacité d'investissement.

Accompagner les PME dans la transition bas carbone

Ces investissements ne seront bénéfiques que si les PME sont accompagnées dans le diagnostic et la mise en œuvre opérationnelle des solutions bas carbone. La diffusion des informations sur le choix des technologies et leur rentabilité devrait permettre d'accélérer le passage à la neutralité carbone. L'accompagnement est d'ailleurs un axe important du plan gouvernemental d'aide à la transition écologique des PME en partenariat avec Bpifrance et l'Ademe.

La montée en compétences des collaborateurs est un élément essentiel. L'intégration de nouveaux outils de production est réussie quand elle est associée à la formation des collaborateurs et à une nouvelle organisation du travail (voir Pellerin et Cahier (2019), Organisation et compétences dans l'usine du futur, Les Notes de La Fabrique de l'industrie). Toutes ces conditions réunies aideront les PME à franchir le pas vers la neutralité carbone.

Retrouvez Caroline Mini lors de la conférence  "Relance verte et territoires", mercredi 18 novembre de 11 h à 12 h 30, sur : https://www.journeeseconomie.org

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