La transparence, un exercice complexe

Affaires politiques, scandales sanitaires, buzz à tout va sur la toile…. les sphères publiques comme économiques doivent répondre désormais à une injonction de transparence. Comment ? Jusqu’où ? Ces questions ont été abordées le 29 septembre au cours du débat organisé par Acteurs de l’économie-La Tribune et iaelyon School of Management. Dans le cadre du cycle "Philosophie & Management".

Daniel Karyotis, directeur général de la Banque Populaire Auvergne Rhône-Alpes, distingue un avant et après 2008, date de la faillite de la banque Lehman Brothers. Pour lui, c'est là qu'a émergé cette exigence de transparence, exigence qui n'a cessé de grandir au fil des années et envahir tous les univers : Etats, institutions politiques, entreprises, media...

Il faut de la simplicité

"Transparence, oui, mais vis à vis de qui ? Vos clients ? Vos collaborateurs ? Ceux qui vous contrôlent ?". Et le banquier de développer : "nous avons un million de clients qui n'ont pas le même niveau de compréhension, les mêmes attentes. Mon domaine est un océan de complexité et archi régulé. Comment expliquer au client les subtilités jargoniques, juridiques qu'on nous impose ? Une information n'est pas une connaissance. Selon moi, la transparence passe par la simplicité".

IAE Transparence 2

Photo : Laurent Cerino - ADE

"Gare au simplisme", rétorque Malik Bozzo-Rey, maître de conférences en éthique à l'Institut Catholique de Lille. Évoquant la notion anglaise de "accountability", il considère que les entreprises ne peuvent plus se limiter à rendre des comptes aux seules parties prenantes, mais aussi vers le public, l'extérieur. L'exercice est compliqué certes, compte tenu de l'hétérogénéité des interlocuteurs alors il plaide pour "une transparence minimale et pour ceux plus experts et formés, une transparence possible avec toutes les informations disponibles." Et pour pallier à cette surenchère d'informations, il met en avant un besoin de médiation. Voire de formation.

Et en interne ?

Les attentes de transparence concernent aussi l'interne, ce qui se passe dans les entreprises. Quid des salaires - un énorme tabou culturel en France - de la gouvernance, de la prise de décision. On sait à quel point des managers s'obstinent à cacher précieusement les informations qu'ils détiennent. Question de pouvoir. Pourtant à l'heure d'internet et des réseaux sociaux à tout va, cette conduite est totalement caduque. "L'entreprise ne vit plus en vase clos, les collaborateurs disposent de multiples canaux d'accès à l'information", souligne Daniel Karyotis qui s'appuie sur 3800 salariés. La voie à suivre pour lui, est de constituer au sein de l'entreprise des communautés de talents, de profils qui partagent les informations.

La voie de la co-construction

Malik Bozzo-Rey voit lui aussi les avantages de cette co-construction "associer les collaborateurs concernés par une prise de décision, c'est aboutir à une meilleure décision et faciliter la transparence. Favoriser l'organisation entre communautés, c'est vraiment la voie à suivre". Et dans cette exigence de transparence, il souligne le rôle des lanceurs d'alerte qui débusquent les conflits d'intérêt, les cas de corruption, les dérives sanitaires... "ils sont nécessaires à la vie démocratique. Il faut les protéger car le premier réflexe des entreprises est de les faire taire."

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