Hélène Tricard, la généreuse

Hélène Tricard est lauréate du Prix de l'entrepreneur social et solidaire. Loin de l’image, parfois négative, de l’atelier protégé, Hélène Tricard a souhaité faire de son atelier de confection textile HandySoie un lieu de travail « ordinaire ». Pour le plus grand plaisir de ses salariées en situation de handicap.
©Laurent Cerino/Acteurs de l'économie

Dans les ateliers de confection à façon d'HandySoie à Pont-Evêque, en Isère, 21 femmes s'affairent aux postes de coupe textile, couture machine, couture main, repassage… De leurs mains sortent cravates, foulards roulottés, serviettes, éponges, sets de table, coussins. Parmi elles, une personne en situation de handicap et huit personnes handicapées intellectuellement, issues de l'atelier protégé des AIR (Ateliers de l'Isère Rhodanienne). Celui-ci, en lien contractuel avec HandySoie, fait partie du projet originel.

Un projet personnel à dimension particulière 

« Handy avec un Y et non un I, signifie ''agile de ses mains''. Je voulais créer une entreprise ouverte aux personnes en situation de handicap mais dans le monde ordinaire et non dans le monde protégé. Être ce chainon manquant », explique Hélène Tricard fondatrice à la fin de l'année 2011, de cette SAS. Pendant 23 ans, elle a exercé la fonction de Directrice juridique de la filière textile du groupe Hermès, avait d'ailleurs piloté dans ce cadre le projet autour des travailleurs handicapés imposé par la loi de 2005. A cette occasion, elle découvre les AIR et en est convaincue : pour ses 15 prochaines années de vie professionnelle, elle construira un projet personnel, avec une dimension particulière. 

HandySoie se veut d'abord une entreprise ordinaire… « Certaines sont plus lentes. Aux autres de se dépasser, de faire plus vite que la moyenne. C'est un engagement collectif. Ce dépassement, qui permet à quelqu'un en situation de handicap d'être là, avec son sourire, sa bonne humeur, fait partie du projet. Toutes celles que je recrute sont informées de cet engagement. » Acquérir la vitesse de réalisation sans affaiblir la qualité, HandySoie a dû relever ce difficile challenge. « La sous-productivité a été longue, je ne m'y attendais pas », constate Hélène Tricard qui a tout de même atteint en 2013 un chiffre d'affaires de 610 000 euros et l'équilibre financier.

Gare aux feux de paille

Son projet a bénéficié de l'attention bienveillante d'Hermès. Le groupe, dont les besoins en confection sont insatiables, a signé un engagement de sous-traitance avec HandySoie pour cinq ans. Et en réalise l'essentiel du chiffre d'affaires. Mais Hélène Tricard commence à démarcher de jeunes créateurs. Hermès a financé la formation à EMLYON de la future dirigeante. « Devenir patronne a représenté pour moi une grande mutation ».

Pour y parvenir, elle s'est appuyée sur le réseau Entreprendre Isère et a aussi cassé sa tirelire en investissant 240 000 euros pour lancer HandySoie. Former, intégrer des équipes diversifiées, et pérennes : la tâche s'est révélée parfois complexe. En particulier pour les personnes en situation de handicap : « C'est une grande joie pour elles d'échapper à l'étiquette de l'atelier protégé, alors elles font preuve d'excès d'enthousiasme. Mais gare aux feux de paille. J'ai dû leur apprendre à mettre le curseur au bon endroit pour gérer et durer. C'est un point de vigilance. »



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