Les stations et leurs remontées mécaniques s'élèvent désormais au rang du symbole, suscitant une union des tissus politiques et économiques au sein des territoires d'Auvergne Rhône-Alpes.
Alors que l'annonce d'une fermeture des domaines skiables jusqu'à la mi-janvier par Emmanuel Macron, ensuite confirmée par Jean Castex, avait suscité l'ire des professionnels de la montagne, ces derniers annoncent ce mercredi le dépôt d'un recours auprès du Conseil d'Etat, aux côtés de la Région Auvergne Rhône-Alpes. Et n'attendront pas leur prochaine réunion, prévue le 11 décembre prochain avec le premier ministre, pour donner de la voix. Leur objectif : contraindre l'Etat à revenir en urgence sur sa décision visant à empêcher l'ouverture de l'ensemble des remontées mécaniques en France avant les fêtes de fin d'année.
Un débat alimenté au cours des dernières semaines par plusieurs réunions, demeurées infructueuses, mais également par des propos tenus ce mercredi matin dans une interview par Jean Castex, qui évoquait, face à l'ouverture de certains domaines étrangers, la possibilité d'instaurer des contrôles aléatoires aux frontières afin de s'assurer que les Français n'aillent pas skier à l'étranger.
« Ce n'est évidemment pas une réponse à la hauteur des milliers d'emplois menacés dans nos montagnes », rappellent ainsi les élus dans une communication, qui rassemble les principales organisations du secteur des stations de ski au niveau national (ANMSM, DSF, SNMSF, SNGM...), au côtés des présidents des trois départements les plus touchés (Savoie, Haute-Savoie et Isère) que sont Jean-Luc Boch, Christian Monteil et Jean-Pierre Barbier, ainsi que le président de la Région AuRA, Laurent Wauquiez.
L'incohérence d'une décision remise en cause
Tous rappellent désormais d'une même voix : « Nous avons essayé et nous essayons toujours de faire évoluer les positions nationales dans un esprit de dialogue, mais sans aucune avancée concrète à ce stade ».
S'estimant « sollicités par de très nombreux acteurs de la montagne qui ne comprennent pas » les positions défendues par le gouvernement, ils ont ainsi décidé de saisir ensemble la justice avec un référé devant le Conseil d'Etat visant à annuler la décision de fermeture de leurs domaines skiables.
D'autant plus que ce mercredi, d'autres nations comme l'Autriche ont finalement annoncé dans le courant de la journée l'ouverture de leurs remontées mécaniques (mais pas leurs hôtels) juste avant les fêtes, à compter du 24 décembre prochain. Les infrastructures touristiques, elles, devront attendre le 7 janvier prochain en Autriche.
De quoi convaincre les montagnards et leurs élus qu'une autre solution demeure possible pour le tissu français :
« Cette décision n'est pas cohérente avec les autres mesures nationales : ouverture du métro à Paris, ouverture des salles de spectacle, possibilité d'aller à l'étranger en vacances indépendamment du ski ... D'autres solutions existent et notamment des protocoles sanitaires stricts sans aller jusqu'à l'interdiction, qui est en droit une mesure disproportionnée non justifiée par les impératifs sanitaires, surtout à un moment où la situation sanitaire s'améliore », dénoncent les requérants.
Ce référé sera donc porté « en commun » dès ce jeudi midi par l'ensemble de la filière (maires, exploitants de remontées mécaniques, moniteurs, guides...) ainsi que des parlementaires. La Région AuRA, conduite par le président LR Laurent Wauquiez, s'est d'ores et déjà engagée à financer les frais de justice qui découleront de cette initiative.
Une décision qui intervient également alors que plusieurs manifestations se sont tenues au cours des derniers La Plagne (Savoie), Megève (Haute-Savoie) ainsi qu'à Bourg d'Oisans (Isère), où plus de 1.000 personnes se sont réunies ce mercredi pour s'élever contre la fermeture des remontées mécaniques à Noël.
Sujets les + commentés