Les activités de Kidiliz démantelées, la marque Z disparait

Le jugement du tribunal de commerce de Paris est tombé, et il fait écho aux craintes évoquées par les salariés au cours des dernières semaines. En pleine crise du Covid, le groupe de mode enfantine Kidiliz sera repris par non pas un, mais sept repreneurs, qui s’intéressaient à différentes parties du groupe. Une division avec, à la clé, la fermeture de son site historique de Saint-Chamond (Loire), la disparition de la marque Z ainsi que la perte de près de 1.000 emplois en France.
La formule retenue à la barre du Tribunal de commerce de Paris se traduira par un arrêt de la marque Z, fondée en 1983.

Cette histoire signerait-elle le début d'une plus longue série, pour l'univers de la mode ? Mis à terre par la crise économique et sanitaire, jusqu'à la phase du redressement judiciaire, le groupe de mode enfantine ligérien Kidiliz, ex-groupe Zannier (Catimini, Z, 3 Pommes, Chipie etc) n'en sera pas ressorti indemne.

Faute de candidat favorable à une reprise totale de l'entreprise, fondé en 1962 à Saint-Chamond (Loire), le tribunal de commerce de Paris a acté le 23 novembre dernier la division du groupe aux mains de sept repreneurs. Avec à la clé, la conservation de 497 emplois sur les 2.600 salariés que compte le groupe au niveau mondial. Soit seulement 356 postes en France.

Avec parmi eux, les trois principaux candidats, ID-Kids, CWF et Zucchi-Groupe, suivis par quatre autres reprises « plus légères », elles aussi confirmées par les juges du tribunal de commerce de Paris. Selon le découpage entériné, le vendeur de vêtements pour enfants ID Kids -dont le siège est basé à Roubaix-, reprendra 227 salariés, correspondant aux marques Catimini et Absorba, dont il souhaite poursuivre les activités. Une offre cependant fortement dégradée à l'issue du second confinement, puisque le groupe prévoyait, à l'origine, la reprise de 615 personnes.

Le groupe vendéen de mode enfantine Children Worlwide Fashion (CWF), qui se positionne comme le numéro un européen du prêt-à-porter enfant sous licence (luxe et haut de gamme), récupère quant à lui 87 salariés. Quatre reprises plus légères ont également été validées par les juges du tribunal de commerce de Paris.

Près de 1.000 emplois supprimés

Le site historique de la marque, situé à Saint-Chamond, sera quant à lui supprimé, avec ses 160 emplois associés. Un symbole d'autant plus fort que la marque Z pour enfants va elle aussi disparaître.

Le PSE, qui prévoit près de 1.000 suppressions d'emplois, a néanmoins été signé par les quatre organisations composant l'intersyndicale (CFDT, CFE-CGC, CGT, CFTC) des salariés français du groupe, qui affirmaient tout de même avoir obtenu « des avancées en termes de budget, de financements extérieurs, et des mesures d'accompagnement grâce à la négociation et à la mobilisation des salariés ».

Reste néanmoins encore une étape clé dans ce dossier, puisque les jugements, qui décideront du sort des 625 salariés employés par les filiales italienne, belge et luxembourgeoise sont attendues pour le 1er décembre.

Fragilisée, puis balayée par le premier confinement

Les perspectives de Kidiliz, qui enregistrait déjà 38 millions d'euros de pertes en 2019, ont été balayées par la crise sanitaire. Présent dans 80 pays (Europe et Asie notamment), le groupe comptait près de 900 boutiques en propre (dont 430 en France), ainsi que 1.000 corners et 9.100 magasins partenaires.

Alors que près de 80 millions d'euros de pertes étaient anticipés en 2020, la fermeture administrative de ses magasins en mars dernier, lors du premier confinement, aura fait dégringoler l'entreprise, la plaçant en situation de cessation de paiements. Elle aurait ainsi fait face à un prévisionnel revu et corrigé à 260 millions d'euros, soit presque 100 millions de mois que celui enregistré en 2019 (388 millions d'euros). Et le second reconfinement aura porté le coup de grâce, puisque qu'il aurait conduit les candidats à la reprise à revoir leurs offres fortement à la baisse.

Cédé en 2018 par ses fondateurs au groupe chinois Zhejiang Semir Garment, ce dernier « n'aurait jamais investi les sommes nécessaires » selon les élus du personnel. « Ni pris la mesure des restructurations nécessaires », confirmait à la presse le directeur général du groupe Kidiliz, nommé deux mois seulement avant le placement de l'entreprise en redressement judiciaire.

Des alertes restées lettre morte

Les salariés avaient tenté de lancer une mobilisation sur les réseaux sociaux, début novembre, afin d'alerter sur les suppressions d'emplois à venir, tandis que le maire LR de Saint-Chamond, Hervé Reynaud, s'était dit lui aussi "inquiet pour les emplois", rappelant que le groupe constituait "l'un des plus grands employeurs de Saint-Chamond et de la vallée du Gier ».

Début novembre, les salariés de Kidiliz s'étaient mobilisés en publiant sur les réseaux sociaux une vidéo pour alerte sur « une situation catastrophique, avec plus de 900 licenciements économiques à venir dans l'Hexagone d'ici la fin de l'année". De son côté, Hervé Reynaud, le maire LR de Saint-Chamond, s'était ému de la situation et se disait "inquiet pour les emplois". Le groupe étant "l'un des plus grands employeurs de Saint-Chamond et de la vallée du Gier". Et avait ajouté que "le confinement ne doit pas être un alibi pour récupérer, à minima, les marques et se débarrasser des emplois".

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