Boehringer Ingelheim démarre un essai clinique sur un traitement Covid-19

[Une bonne nouvelle par jour, ou presque] Des avancées sur le terrain de la Covid-19. Le groupe pharmaceutique allemand Boehringer Ingelheim (51.000 salariés, dont près de 1.500 dans la région lyonnaise) vient d’annoncer le démarrage, cette semaine, d'un nouvel essai clinique de phase deux d’une thérapie ciblée, visant à soulager les personnes souffrant de syndrome de détresse respiratoire aiguë due à la Covid-19.
Les essais cliniques de Boehringer Ingelheim sur cette nouvelle molécule viennent de démarrer, et devraient s'échelonner huit pays d'ici la fin 2020.
Les essais cliniques de Boehringer Ingelheim sur cette nouvelle molécule viennent de démarrer, et devraient s'échelonner huit pays d'ici la fin 2020. (Crédits : DR)

Boehringer Ingelheim fait un pas de plus en direction d'une possible thérapie ciblée visant à traiter les syndromes de détresse respiratoire aiguë, provoqués par la Covid-19.

A l'issue de premières études de phase 1, menée dans le cadre d'un programme de recherche né d'une collaboration avec une société de biotechnologie américaine, Hydra Biosciences, le groupe pharmaceutique allemand annonce le démarrage de nouveaux essais cliniques de phase 2. Planifiés sur un plus grand groupe de patients volontaires, ils devraient être réalisés sur une quarantaines de sites, répartis sur 8 pays et permettre d'observer de premiers résultats d'ici la fin de l'année.

« Si cette étude de Phase 2 montre des résultats positifs, nous avons l'intention de poursuivre nos recherches avec une étude pivot de Phase 3, en 2021, avec l'objectif de permettre une mise à disposition des patients hospitalisés pour la Covid-19 d'ici fin 2021», nous confirme la société Boehringer Ingelheim.

Le groupe allemand -qui emploie près de 1.500 personnes en région lyonnaise, à la suite du rachat de la division santé animale de Merial en 2017- planche actuellement sur le développement d'une nouvelle molécule, « un inhibiteur du récepteur potentiel du canal cationique 6 (TRPC6) » qui permettrait d'atténuer les lésions pulmonaires et diminuer le risque ou la sévérité des complications respiratoires sévères chez les patients hospitalisés pour la Covid-19.

Soulager les patients atteints de formes graves

« Le but du traitement par cette molécule est de réduire le recours à une assistance respiratoire, d'améliorer le taux de récupération des patients et au final de sauver des vies », précise le laboratoire.

Durant sa première phase de tests, cette option thérapeutique aurait déjà permis de « soulager les 67 à 85% de patients Covid-19 hospitalisés en réanimation, qui souffrent d'un syndrome de détresse respiratoire aiguë, et pour lesquels très peu d'options thérapeutiques médicales sont actuellement disponibles ».

« Les avancées récentes nous ont permis une meilleure compréhension de la pathologie et nous font penser que cet inhibiteur pourrait avoir un potentiel unique dans le traitement des malades les plus graves. Dès lors c'est devenu un devoir de démarrer les essais cliniques afin de le confirmer », indique le Dr Mehdi Shahidi, vice-président senior et directeur médical de Boehringer Ingelheim. D'autant plus que l'usage de cette molécule sur des atteintes pulmonaires chez les animaux aurait également réduit les lésions cellulaires ainsi que les phénomènes d'œdème pulmonaire.

Réduire le nombre de complications respiratoires sévères

Car depuis le printemps dernier, on sait que la Covid-19 peut entraîner de graves complications pulmonaires, telles qu'une pneumonie virale, et dans les cas sévères, un syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA) ainsi qu'une insuffisance respiratoire.

Selon des dernières données compilées, on estime en effet que « 15 % des patients infectés par le SARS-CoV-2 développent une maladie sévère et jusqu'à 30 % des patients sévèrement atteints peuvent nécessiter une prise en charge médicale en réanimation. Entre 67 et 85 % des patients de réanimation développent un SDRA, une complication potentiellement mortelle de la Covid-19 sévère », rappelle le laboratoire.

Lors de cet essai clinique, près de 90 patients, répartis au sein de 40 centres cliniques (Etats-Unis, en Espagne, France, Belgique, Autriche, Mexique, Chili et Brésil), seront invités à prendre une gélule par jour sur une durée de quatre semaines au maximum. Le critère principal d'évaluation résidera dans le pourcentage de patients en vie et sans ventilation mécanique au 29e jour de traitement. Les autres critères d'évaluation se baseront sur l'amélioration clinique, la saturation en oxygène et l'hospitalisation en réanimation des patients concernés.

Un arsenal thérapeutique en plein développement

Cet essai clinique de phase 2 s'inscrit donc dans une course contre la montre, entamée depuis le printemps dernier par les plus grands laboratoires et équipes de recherches à travers le monde, en vue de trouver non seulement des vaccins, mais également des médicaments permettant de soulager la prise en charge du Covid-19.

Car si des projets vaccins sont actuellement en cours de développement, la nouvelle molécule de Boehringer pourrait constituer un nouvel outil, au sein d'un arsenal thérapeutique plus large.

« Nous espérons que de futurs vaccins contribueront à réduire les cas sévères de Covid-19, mais il reste un besoin non satisfait de traiter les complications respiratoires chez les patients infectés et de fournir aux professionnels de santé une alternative efficace à la ventilation mécanique susceptible de réduire le fardeau du traitement au sein de l'hôpital », ajoutait le Dr Lorraine B. Ware, professeur de médecine et titulaire de la chaire de pathologie, microbiologie et immunologie Ralph & Lulu Owen de l'Université Vanderbilt.

« Cette thérapie peut être le premier traitement potentiel du syndrome de détresse respiratoire associé à la Covid-19, contribuant à combler une lacune importante dans le schéma thérapeutique des patients », a complété le Dr Mehdi Shahidi.

Boehringer Ingelheim est également impliqué actuellement au sein de plusieurs projets de recherche, en collaboration avec les chercheurs universitaires, les institutions internationales et d'autres entreprises de l'industrie pharmaceutique, visant à développer notamment des anticorps anti-SARS-CoV-2 pouvant neutraliser le virus, de petites molécules visant à inhiber sa réplication ou encore des traitements pour prévenir la micro-coagulation (caillots sanguins).

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