Transition énergétique : Pour un "vrai" green new deal

Par Alain Grandjean  |   |  350  mots
(Crédits : DR)
Les enjeux climatiques sont urgents. Ils ont besoin de solutions économiques concrètes et durables analyse Alain Grandjean, le président de la Fondation Nicolas Hulot. Le docteur en économie de l'environnement, diplômé de l'Ecole polytechnique et de l'Ensae, co-fondateur et associé de Carbone 4 interviendra ce mardi 5 novembre aux Journées de l'économie (Jéco) à Lyon. Un événement dont La Tribune est partenaire.

La question climatique et plus généralement écologique doit et va devenir centrale dans les politiques publiques. Il faut "remettre l'église au centre du village". C'est tout le sens du rapport du Haut Conseil pour le Climat qui plaide pour une mise en cohérence de ces politiques.

Pour cela, s'impose le lancement en Europe et en France d'un "vrai" green new deal. Il s'agit d'un projet d'ensemble y incluant un programme d'investissement des publics et privés à la hauteur des enjeux.

Nous ne décarbonerons pas l'économie par des changements de comportement.

Tout simplement parce que ce sont nos équipements, nos machines, leurs moteurs etc. qui émettent du CO2. Par ailleurs nous devons anticiper les changements climatiques des 20 prochaines années qui sont déjà largement prévisibles et dont les impacts sociaux et économiques attendus sont importants.

Les taux d'intérêt très bas actuels facilitent le financement de ces investissements ; il faut cependant recréer des marges budgétaires tant pour financer les investissements publics (infrastructures de transport, bâtiments publics) que pour accompagner voire subventionner les investissements privés, qui ne sont pas toujours rentabilisables au vu d'un prix du carbone explicite trop faible aujourd'hui.

Le prix du carbone va devoir être revu à la hausse mais cela nécessitera, dans le contexte actuel, que le produit de la taxe soit largement réalloué aux ménages.

En Europe nous avons à revoir et réinterpréter les critères budgétaires

Le sujet est sur la table, comme le montre par exemple un rapport du conseil budgétaire européen. Il est bien acquis que leur design actuel a défavorisé les investissements publics.

Enfin la politique commerciale internationale doit être revue à cette aune. Cette remise en cause s'impose de toutes façons du fait des méthodes employées par l'actuel président américain.

Les projets bas-carbone donnant de l'activité en France et en Europe doivent de conditions équitables dans la compétition économiques et le cadre de l'action publique favorable à cette transition ne doivent pas pouvoir être remis en cause