Agir afin de ne pas punir encore l'exilé

Formuler des anathèmes ou exprimer l'opprobre à l'égard de ceux qui pactisent avec la culture du rejet, n'offrira pas aux opprimés des conditions de vie plus sécurisées.

La peur, rappelle le dicton, est mauvaise conseillère. N'aggrave-t-elle pas le drame humanitaire d'un exil massif d'hommes et de femmes pourchassés par la haine.

Que d'autorités spirituelles, mais pas seulement, se sont prononcées pour le "prendre-soin" de ceux qui n'ont rien, dépouillés par des barbares. Force est de constater le peu d'attention au fragile alors qu'elle est compagnon de la vie. Qui peut contester que notre société a besoin de trouver des tisseurs pour dire halte à la déchirure sociale.

Réussir

Le Livre de l'humanité rappelle l'urgente invitation d'accueillir l'étranger. Formuler des anathèmes ou exprimer l'opprobre à l'égard de ceux qui pactisent avec la culture du rejet, n'offrira pas aux opprimés des conditions de vie plus sécurisées.

Le passage de l'ombre à la lumière se réalise plus souvent par des rencontres que par des discours, ou encore de par ces signes ouvrant les cœurs avant d'ouvrir les yeux, telle la photo de cet enfant exilé, trouvé mort sur la plage

La Chancelière allemande, Angela Merkel, défend avec courage sa politique migratoire, prenant des risques importants, soulignés lors des dernières élections. Réussir en politique, ce n'est pas nécessairement durer, mais inscrire des engagements qui, s'ils ne sont pas compris aujourd'hui, seront demain mémoire d'un avenir.

Demain ne se tisse pas avec les seuls fils du présent mais avec ceux, parfois lointain, que définit si bien Paul Eluard : "il y a un autre monde, mais il est dans celui-ci". A s'en échapper, le réel se défile avec les dérives clôturant l'esprit et le cœur.

Exemple allemand

L'Allemagne, certes, n'est pas la France pour n'être pas confrontée à un chômage massif et tenace, ni à cette crise du  logement qui nous résiste et nous nargue.

Cependant, nous connaissons des territoires qui se désertifient. Leurs forces vives rejoignent les grandes agglomérations qui se présentent, tel un jeu de lumières, comme un leurre pour ceux qui n'ont pas de formations. Que de déplacements sont synonymes de naufrages stigmatisés par trop de cités oubliées qui ne se font entendre que dans le bruit d'une violence, trace de leur désespérance.

Justement, dans une commune rurale, à Bonnelles, il y a un an, Habitat et Humanisme accueillait des réfugiés syriens et irakiens, aujourd'hui des Tibétains, Afghans, Somaliens...

Deux reportages viennent de rappeler que, loin d'avoir créé des conflits, ce centre d'accueil de réfugiés s'est avéré un souffle rafraîchissant, via l'engagement du maire, de son conseil municipal et d'un grand nombre de ses administrés.

Faire-ensemble

Si des craintes existèrent au début, très vite, elles disparurent. Un 'faire-ensemble' s'est mis en œuvre suscitant une fierté partagée entre les habitants de Bonnelles et les exilés. Plus qu'un abri, ils trouvèrent un refuge, né de l'estime.

A Maurepas, dans les Yvelines, pendant un mois, le gymnase des Bessières abrita 100 demandeurs d'asile. Là encore, les oppositions de départ, furent suivies d'un silence, en rien traversé par le mutisme, mais le respect d'une action humanitaire conduisant le maire de la commune (LR), Grégory Garestier, à se demander si la politique d'accueil des migrants ne devait pas être réexaminée à la lumière de ces résultats.

Face aux migrants, des villes qui leur étaient opposées sont devenues accueillantes, titrait Le Monde dans son édition du 21 août, rendant compte de l'action du maire de Maurepas et de Daniel Dometz, Maire de Saint Mard, ville de 3500 habitants en Seine et Marne.

Assez de ces paroles qui enferment et ne font qu'attiser les oppositions quand ce n'est point la haine.

Quelles propositions, alors ? Agir sur le plan local pour que des voix rendent compte de la fierté des habitants qui, pour faire céder les peurs, trouvent l'audace d'aider.

Quel programme, celui-là même des tisserands dont notre société a besoin.

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Commentaires 2
à écrit le 23/09/2016 à 13:28
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Bruno Devert sait l'énorme estime et le respect que je lui porte pour ses réalisations et l'esprit dans lequel il le fait. D'autres de mes connaissances font des choses merveilleuses avec de vrais réfugiés et là encore, chapeau. Donc je soutiens à ma...

à écrit le 22/09/2016 à 21:21
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Aujourd'hui a Montrottier , petite commune rurale des Monts du Lyonnais ( 40 kms de LYON) , il y a 30 Familles Syriennes accueillies par cette commune ; ils suivent quotidiennement des cours de Français: chapeau !!

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