Le métier d'astrophysicienne, exploratrice du cosmos, passeur de savoir, peut être mis en parallèle avec l'aventure d'entrepreneure.
Car dans cette carrière il faut prendre des décisions ou l'échec est probable à plus de 99 %, et alors la réussite est d'autant plus savoureuse. La première prise de risque c'est de choisir ce métier atypique, qui a une infime possibilité de déboucher sur une embauche. À 23 ans je décide que je veux passer trois ans à réaliser une thèse de doctorat sur un sujet épineux. Une grande masse mystérieuse, tapie derrière la Voie lactée, semble attirer à elle par la gravitation toutes les galaxies de notre voisinage spatial. Son nom, « le Grand Attracteur », comment résister ?
Transmission à "toute l'humanité"
Comme dans une entreprise, il m'a fallu convaincre : chercher des fonds pour les expéditions aux télescopes, argumenter scientifiquement du bien-fondé des raisonnements, rassembler une équipe dans laquelle toutes les compétences nécessaires sont représentées, tout en faisant fi des localisations terrestres des personnes. On m'a prédit le suicide de carrière à de multiples reprises.
Dans une entreprise il faut distribuer le produit fini. La destinée de ces connaissances que nous créons par la recherche est qu'elles soient transmises à toute l'humanité. Avec une équipe d'amis, nous faisons le choix de passer aussi de notre temps pour transmettre en priorité aux plus défavorisés, à ceux qui se sentent peut-être éloignés du monde des chercheurs. C'est à nouveau une aventure humaine, technique - construire deux bâtiments -, financière - convaincre des équipes municipales -, intellectuelle - comment transmettre didactiquement les connaissances émergentes ?
Entreprendre sa vie
Au final, l'aventure ou l'entreprise scientifique qui a duré plus de 20 ans est un succès et nous avons découvert l'origine des mouvements des galaxies : un continent céleste qui abrite notre galaxie, c'est Laniakea. Ce travail est transposé au Planétarium de Vaulx-en-Velin, service intégré à la direction des affaires culturelles de la Ville. Sa qualité exceptionnelle est enviée jusqu'en Suisse et à New York. Et j'ai le plaisir d'y jouer le rôle de marraine, garant scientifique bénévole.
« YOLO » disent mes étudiants : You Only Live Once. Échouer n'est pas une option dans l'espace, dit-on à la Nasa. Il faut être concentré sur son objectif et résoudre chaque défi qui se présente. Finalement la recette du bonheur c'est de développer son talent, quel qu'il soit, en entreprenant sa vie.