Innorobo s'en va, et après ?

Difficile pour André Montaud, directeur général de Thésame, de parler du départ d'Innorobo de Lyon pour Paris et l'Europe sans qu'il y ajoute une dose affective, puisqu'il en a été l'un des co-fondateurs. Mais loin d'être un coup dur pour l'ingénieur, cette décision pourrait être, au contraire, une nouvelle "opportunité" pour le territoire.

En 2007, bien avant ce salon, nous traitions déjà de robotique dans les rencontres mécatronique au Grand Bornand. Bruno Bonnell, Bruno Maisonnier (Aldébaran), Catherine Simon et bien d'autres ont connu très tôt nos sentiers hauts savoyards ! Si le livre de Bruno Bonnell « Viva la robolution » marque une prise de conscience française du potentiel de la robotique, la mémoire est souvent sélective et peu se rappellent des railleries vis-à-vis d'un grand bonhomme chauve qui se lançait dans la commercialisation de robots aspirateurs. Le « ça ne marchera pas » s'est transformé en marché à plusieurs centaines de millions d'euros, pour ne pas dire plus.

Innorobo a créé des envieux

C'est dans ce contexte pour le moins incrédule qu'est né Innorobo et que quelques fous dont nous faisions partie se sont lancés dans l'aventure du salon de la robotique. Un peu (beaucoup) de bricolage, de grosses crises de stress, parfois des coups de gueule retentissants mais une passion infinie et, au final, des éditions qui se succèdent avec un équilibre exposition conférences qui fait la renommée de cet événement unique en son genre.

Habitué à « l'ombre » du BtoB, l'éclairage médiatique immédiat, avec la venue des télés du monde entier, était plus qu'une surprise. Elle a créé bien des envieux chez les organisateurs de nombreux salons !

Le cluster Coboteam a toute sa place

Nul doute qu'Innorobo a permis de mettre en valeur la puissance de la région Rhône-Alpes et de sa métropole Lyon, comme acteur incontournable de la filière robotique.

On sait  désormais que l'on fabrique et que l'on installe ici du robot industriel, que l'on développe et vendons des robots de service et des drones, que la maison intelligente a de dynamiques concepteurs, et que la recherche autour du véhicule autonome a de véritables atouts.

Dans ces conditions, le cluster robotique Coboteam avait toute sa place dans une logique de hub d'excellence européen.

Innorobo en Europe : un pari gonflé

Le départ d'Innorobo de Lyon, est-il pour autant un coup dur pour la filière robotique ? Si, je parle avec mes tripes, je dirais évidemment oui, mais vous avez compris que j'ai un attachement quasi filial pour ce salon. Mon objectivité s'en trouve entachée !

Mais si je parle avec ma tête optimiste, ce tour d'Europe d'Innorobo que veulent tenter les organisateurs Innoecho est un pari entrepreneurial gonflé mais est une source potentielle de nouvelles opportunités pour la filière rhônalpine. Des vitrines itinérantes vont s'ouvrir dans différents pays.

Quand comprendra-t-on que la Province peut exister à côté de la Capitale ?

J'ai toutefois un regret très personnel, probablement naïf, mais qui fait partie des valeurs fondamentales (certains le qualifieraient de RSE). Dans le monde des affaires, on fait du « business as usual » cependant je trouve dramatique que des villes françaises se fassent concurrence pour récupérer un salon français et que l'on « oublie » un peu trop vite le travail fait par les collectivités et les partenaires locaux.

En robotique, comme ailleurs, le vrai concurrent est au-delà des frontières et pas dans le 93, au-delà du périphérique. Quand comprendra-t-on enfin que la Province peut exister à côté de la Capitale ?

Je me souviens de discussions endiablées que j'ai eues, dès la première année, avec Catherine Simon lorsque je lui disais qu'Innorobo se développerait en devenant biennal à Lyon et les autres années en Europe pour occuper le terrain, et devenir ainsi la référence incontournable.

Un futur grand événement mondial à Lyon ?

En quittant Lyon, Innorobo laisse la place libre à des appétits très compréhensibles, sur un territoire fertile qui a compris la révolution robotique : SiDo, Industrie Lyon, Robot Time Connect, RID et bien d'autres vont grandir sur ce terreau qui pourrait voir naître, rêvons un peu, le grand événement français de l'entreprise du futur à l'image des salons allemands ou, rêvons encore un peu plus, le grand salon mondial de toutes les robotiques, qui n'existe nulle part ailleurs, et dont Eurexpo pourrait être l'écrin.

Alors oui, j'ai des regrets personnels de voir Innorobo quitter la capitale des Gaules, mais loin d'être un coup dur, c'est de multiples nouvelles opportunités qui s'ouvrent à nous. Nous avons besoin qu'Innorobo réussisse ailleurs !

Quand un enfant grandit et quitte le cocon familial, il faut savoir lui dire merci de nous faire grandir aussi !

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Commentaire 1
à écrit le 25/09/2015 à 9:43
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Ne pas oublier The Apprentice svp

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