Les décisions d'Éric Piolle menacent l'avenir de Grenoble

Par Acteurs de l'économie  |   |  679  mots
L'idéologie déployée en matière économique par l'équipe du maire écologiste de Grenoble, Eric Piolle, menace à moyen et long terme, l'expertise de la ville sur le plan de la recherche et des technologies de pointe. Par Jean Peyrelevade, économiste.

Le progrès technique fait face à une hostilité extrême manifestée par une coalition d'écologistes, d'anticapitalistes et de libertaires grenoblois. En particulier un laboratoire d'excellence, Clinatec, dédié aux maladies cérébrales et réunissant le CHU, le CEA et l'université, donc des physiciens, médecins et biologistes, fait l'objet d'une fronde, à mes yeux rétrograde et absurde, portée par des opposants au « techno-libéralisme ».

Les contradictions des écologistes

Cette observation désolante mais ponctuelle, conduit à soulever une question plus large, plus politique et beaucoup plus préoccupante : l'idéologie déployée en matière économique par l'équipe du maire, Eric Piolle, fait-elle peser une menace réelle sur l'avenir de l'écosystème grenoblois, réputé pour la qualité de sa recherche dans les nano et bio technologies ? Je suis désolé de dire que la réponse est à mon sens positive. On retrouve au niveau grenoblois les contradictions profondes des Verts français. En dépit de maintes bonnes intentions, leur action est vouée à l'échec.

Commençons par le positif. C'est très bien d'essayer d'associer les citoyens à la réflexion, de multiplier les débats et les réunions. Il est louable de vouloir une ville durable et agréable à vivre. La décision de supprimer les contrats d'affichage publicitaire avec la société Decaux, au nom d'un meilleur aménagement du milieu urbain, est sans grande portée réelle. On comprend la volonté de refaçonner l'image de la ville en végétalisant les espaces publics et en réduisant la taille des projets.

Le syndrome du « small is beautiful »

Attention cependant au syndrome du « small is beautiful », derrière lequel se dissimulent souvent conservatisme et immobilisme. Tant de belles idées se prolongent par la volonté de lutter contre la pollution et pour la qualité de l'air (certes) et de faciliter l'accès de tous aux services publics (bravo !). Ainsi l'idée de gratuité des transports en commun, au moins pour certaines catégories de la population, ou de la mise en place d'une mesure similaire pour les premiers m3 d'eau consommés par chaque foyer, sont-elles difficilement critiquables.

Le problème est que toutes ces choses merveilleuses ont un coût, qu'il deviendra extrêmement difficile de supporter si l'action de la municipalité conduit à un affaiblissement du dynamisme économique de l'agglomération. Eric Piolle n'a pas les moyens de sa politique car il demeure prisonnier d'un schéma où la croissance est condamnable, où il faut suivant ses propres termes consommer moins. Alors que c'est au contraire par l'investissement et l'innovation technologique que l'on trouvera les voies d'une économie plus écologique.

Il ne s'agit plus seulement de discours

Quelques éléments de preuve ? D'abord le discours convenu, tellement commode pour qui préfère ne pas trop réfléchir, sur les insuffisances du concept de PIB, « indicateur qui n'a plus de sens ». Certes, l'action publique est indispensable pour faire émerger un nouveau modèle, avec une meilleure réponse aux besoins fondamentaux de déplacement, de logement, de santé, de sécurité et de rénovation énergétique.

Mais le maire de Grenoble devrait se souvenir que la sphère publique dégage par son action fort peu de recettes spontanées (surtout quand on prétend étendre la gratuité). Sauf à se mettre dans une impasse, développer l'action publique n'est possible que par une croissance parallèle (même si elle est contrôlée dans sa direction) de l'activité privée.

Or, et il ne s'agit plus seulement de discours, les actions et décisions d'Eric Piolle vont affaiblir économiquement la ville de Grenoble. La contribution au plan de développement des nanotechnologies a été réduite de 25 à 10 millions d'euros, les projets d'infrastructures sont arrêtés, de même que nombre de grands chantiers. Sans changement de trajectoire et faute d'une réelle compréhension de la cohérence nécessaire entre activité productive et action écologique, le « laboratoire de la gauche alternative » est condamné à l'appauvrissement. Donc à l'échec.