Les Ukrainiens se (dé) battent pour nous

Par Par Antoine Faure, cofondateur de APIA  |   |  727  mots
Antoine Faure, cofondateur de APIA.
L'Ukraine, qu'est-ce que c'est ? Une région, un pays, un peuple ? Vu depuis l'Europe occidentale, ce n'est pas très clair. Ca ressemble à la Russie, c'est un peu comme leurs cousins. Des cousins qui semblent parfois fâchés entre eux, surtout au sujet des factures de gaz, puis qui se laissent oublier et dont on n'entend plus parler pendant des années.

Après le terrible gâchis constaté sur le terrain depuis un an, la raison voudrait qu'on encourage Russes et Ukrainiens à mieux s'entendre et à éviter de créer des vagues trop gênantes pour le commerce mondial.

Pourtant ce n'est pas du tout ce pourquoi se bat la grande majorité des Ukrainiens. Et ils s'étonnent - le mot est mince - de l'ignorance et de l'indifférence des Européens à leur égard.

Depuis 250 ans sous la botte russe

Comment pouvons-nous ignorer que, depuis 250 ans, l'Ukraine est sous la botte tsariste puis soviétique ? Que ce pays a perdu des dizaines de millions de personnes victimes des trois famines successives organisées par le pouvoir stalinien ? Que plus que les autres, il a souffert  de l'agression nazie ?

Que disons-nous aux Ukrainiens, alors qu'il sont écartelés entre deux pôles d'attraction, le pôle russe qui leur a servi de modèle politique et économique, et qui veut continuer à imposer sa loi, le pôle européen qui leur apparaît comme synonyme de libertés, de dignité et de développement.

L'Europe est aujourd'hui pour eux comme un phare, leur ouvrant une voie nouvelle, à la fois riche en perspectives de croissance, les ex pays satellites de l'URSS l'ont démontré depuis la chute du Mur, et surtout de nature à tirer un trait sur l'immobilisme et la corruption de la classe politique.

L'Europe comme un phare

Ce phare les hypnotise et les enthousiasme, ils veulent le rejoindre à tout prix. Une première tentative, la révolution Orange en 2004, s'est ensablée dans les compromis, puis a été réduite par une première vague de menaces de Poutine. La seconde - celle de l'hiver 2013/2014 sur la place Maïdan - doit réussir. N'oublions pas que son déclenchement a été le refus du président en place de signer l'accord d'association avec l'UE.

Ces dernières semaines, nous avons rencontré des personnes qui ont manifesté, jour après jour, par des températures glaciales, sur la place Maïdan, sans crainte du danger. Il a fallu trois mois, de nombreuses victimes, pour que le pouvoir cède enfin.

Ceux que nous avons rencontrés, de toutes classes sociales, de tous âges, étaient unanimes pour exiger ce rapprochement avec l'Europe et un réel changement de la culture politique et administrative du pays.

Indépendance de l'Ukraine

Ils sont réalistes et savent que cela ne se fera pas d'un coup de baguette magique mais prendra dix ou vingt ans. Mais ils ne veulent plus revenir en arrière et attendent pour cela notre soutien.

Certes, on objectera qu'une partie du pays préfère encore la Russie à l'Europe. Mais est-ce bien vrai et ne s'agit-il pas d'une toute petite minorité. Les régions de Donetsk et de Louhansk ne représentent que 8% de la population. Les informations récentes semblent montrer que bien des villes de l'Est et du Sud sont acquises à l'idée d'une Ukraine vraiment indépendante de la Russie et l'affichent en faisant flotter haut et fort l'emblème jaune et bleu !

Découverte et coopération

Répondre à cette attente, c'est l'occasion pour l'Europe d'affirmer ses principes de liberté et de démocratie, de s'élargir à un nouveau pays dont la culture et les religions sont en harmonie avec les nôtres, de s'enrichir aussi de 45 millions de citoyens aux compétences nombreuses et dotés d'un système social et éducatif bien rodé et stable.

Alors, à notre tour, soyons dignes de l'espoir que met en nous ce peuple si proche.

Faisons connaissance d'abord, en allant visiter ce pays accueillant et magnifique, Kiev berceau de la civilisation slave au bord du Dniepr, Lviv proche de la Pologne, Odessa et ses plages, les Carpates mystérieuses, l'Est industriel et ses cosaques ...

Coopérons ensuite, l'Ukraine, à la différence d'autres pays de l'est européen, a été moins courtisée par l'Allemagne. Son industrie, très tournée vers la Russie, peut établir de solides partenariats avec de nouveaux entrants. Les Américains ne s'y sont pas trompés qui sont déjà bien présents dans le domaine du développement de logiciels. Les coûts de main d'œuvre sont très compétitifs.

Alors n'attendons plus, allons de l'avant, c'est le moment de répondre clairement à l'espoir qu'ils mettent en nous !