Yann Roubert (LOU Rugby) : "Notre meilleur marketing est de gagner"

Un nouveau stade à Gerland, un nouveau championnat. La saison 2016-2017 était celle du changement pour le LOU Rugby, qui termine 10e du Top 14. Mais pour son président Yann Roubert, il faut désormais viser plus haut, gagner des matchs et des titres et ainsi "se rapprocher des grands clubs". Car cette enceinte "condamne" le LOU "à réussir". "Une jolie condamnation", tempère celui qui maîtrise parfaitement les codes de l'entreprise. Car, outre l'aspect sportif, ce stade est aussi un outil de développement économique, qui a pour visée de "pérenniser" le club – dont le budget s'élève à 24 millions d'euros cette saison - à l'heure où le modèle économique de ce sport est remis en question.

Acteurs de l'économie - La Tribune. 2017 marque l'année du déménagement pour le LOU Rugby, qui a quitté son stade de Vénissieux pour Gerland. Comment s'est déroulée cette transition ?

Yann Roubert. Ce déménagement était un véritable challenge, surtout en cours de saison. Même si nous avons passé cinq très bonnes années au Matmut Stadium de Vénissieux, le retour à Gerland était un palier à franchir pour voir grandir ce club. En l'occurrence, nous avons gagné nos cinq premiers matchs : sur le plan sportif, le Matmut stadium de Gerland nous porte plutôt chance.

Le public a également répondu présent. Nous leur avons promis de garder l'esprit et la convivialité de Vénissieux avec notre nouveau village, qui comprend la brasserie, la boutique ou l'espace réceptif. Cette partie est importante : que l'on soit président, joueur, supporter ou partenaire, il faut se retrouver sur "la place du village". Plus qu'un stade, nous avons voulu faire de Gerland un lieu de vie, puisque nous y avons aussi installé notre centre d'entrainement et de formation, notre siège social et notre école de rugby. Le tout dans un rayon de 300 mètres.

A terme, le nombre de place dans le stade va presque être divisé par deux. Est-ce pour conserver cette "ambiance rugby" que vous évoquez ?

En configuration football, le stade dispose de 41 000 sièges. Cette jauge est trop importante pour le rugby : nous n'avons pas encore plus de 40 000 fidèles qui sont prêts à venir tous les samedis assister à un match. Dans un premier temps, nous avons couvert les virages avec une configuration à 18 000 personnes, ce qui nous correspond bien puisque, pour l'instant, nous avons eu 15 000 spectateurs en moyenne.

Mais cet été, nous entamons la seconde phase de travaux, pour refaire les deux tribunes latérales. De 18 000 places, nous allons passer à 11 500. Mais nous allons de nouveau ouvrir une partie des virages en début de saison prochaine, pour arriver à une configuration standard autour de 15 000 sièges, que l'on pourra augmenter jusque 24 000. Et j'espère que ce sera le plus souvent possible. C'est une belle ambition, mais nous avons signé pour soixante ans. Nous avons encore cinquante-neuf ans et quelques mois pour atteindre cet objectif.

Depuis votre arrivée à la tête du LOU, un de vos crédos est de "faire de Lyon une ville de rugby". Un stade d'une telle envergure  - sa capacité d'accueil sera aussi importante que celui de Clermont par exemple - est-il un premier pas pour atteindre cette ambition ?

Le club existe depuis 120 ans, alors ces premiers pas ont déjà été faits. Notre projet comporte quatre phases. La première fut l'apprentissage du haut niveau et du rugby professionnel. La seconde était de remonter. Maintenant, nous devons rester en Top 14 puis viser plus haut. Nous évoluons en haut niveau pour gagner des matchs et des titres. Nous allons franchir les étapes une par une, le plus vite possible, sans pour autant se griller, afin de continuer à progresser et, à terme, concurrencer les plus grands.

Nous voulons nous rapprocher des grands clubs. De beaux exemples existent dans le rugby, à l'image de Clermont-Ferrand : leur stade est plein tous les week-ends, et leur constance dans les résultats est remarquable. Nous essayons de nous inspirer de ce qui se fait le mieux dans les grands clubs, mais en créant notre propre modèle, à la lyonnaise. Nous devons faire grandir le rugby à Lyon, et faire grandir Lyon dans le rugby.

Le club est autorisé à s'installer à Gerland pour une durée de soixante ans. En échange, il doit réaliser sur l'ensemble de la durée des investissements à hauteur de 66 millions d'euros. L'implantation du village a déjà coûté une dizaine de millions d'euros, et le montant des travaux pour la réhabilitation du stade devrait être d'une trentaine de millions d'euros. Ce sont des chiffres que vous confirmez ?

Je préfère ne pas communiquer sur les montants. Je peux seulement dire que ces investissements sont conséquents. Entre les travaux effectués pour créer le village, et ceux de la rénovation du stade, nous serons dans les clous, nous tiendrons nos engagements pris avec la ville de Lyon. Nous prenons également en charge tous l'entretien du stade - comme l'électricité, la pelouse.

A Vénissieux, nous accueillions une centaine d'événements par an dans les espaces réceptifs. Avec le déménagement à Gerland, nous souhaitons accroître leur nombre puisque nos espaces réceptifs représentent une surface de 4 000 m². L'objectif est de faire vivre le stade en dehors des jours de matchs. Mais il est aussi devenu nécessaire de diversifier ses sources de revenus, et nous avons la chance de pouvoir nous appuyer sur l'expérience de notre actionnaire principal, le groupe GL events. Pour des événements de type concert, nous serons limités à quatre ou cinq par an. Pour l'instant, rien n'est prévu : nous préférons privilégier les événements qui se déroulent en dehors de la pelouse.

Le sujet semble délicat...

Si cela peut rassurer tout le monde, le Parc OL, lui, organisera des concerts. Chez nous, ce n'est pas prévu.

Lors d'une interview, vous avez déclaré qu'avec cette installation à Gerland vous êtes "condamnés à réussir". Qu'entendez-vous par cette formulation ?

Le Matmut Stadium de Gerland n'est pas un stade de Pro D2 ou de fédérale 1. C'est un stade de Top 14. Il nous condamne joliment à réussir. Et à Lyon, nous avons le potentiel pour atteindre cet objectif. Il existe un terreau fertile au développement du rugby : on compte 60 000 licenciés dans un rayon d'une heure autour de Lyon. Ce même périmètre comprend 1,5 million d'habitants. Notre meilleur marketing pour les attirer sera de gagner des matchs. Par ailleurs, au niveau économique, nous sommes dans l'un des bassins les plus dynamiques de France. La route est longue et difficile, mais nous avons tout pour y arriver.

Stade LOU Rugby Gerland

Après la construction du village, les travaux dans le stade ont débuté au mois de mai.

Finalement, le Matmut Stadium de Gerland est-il un outil de développement économique ?

La plupart des clubs concurrents évoluent dans un stade municipal qui ne leur appartient pas. Non seulement ils n'ont pas à le payer, mais ils ne doivent pas non plus l'entretenir, ni payer l'électricité ou les impôts et aucun personnel ne s'en occupe. Notre modèle est différent, et justement, il doit nous pousser à bien gérer cet outil, à en faire un lieu de vie, où les gens ont envie d'y passer du temps, de vivre une expérience autour du rugby mais pas uniquement.

Lors de la dernière remontée, le nombre d'abonnés du LOU avait augmenté de 61 %. Une croissance similaire a-t-elle été constatée cette année ?

Nous avons actuellement près de 6 500 abonnés, entre le grand public et nos partenaires. Il est encore tôt pour connaître leur nombre la saison prochaine mais nous espérons construire une équipe encore plus performante et ainsi accueillir mieux et davantage de supporters.

Quelles sont les principales sources de revenus du LOU actuellement ?

Nos revenus se divisent en plusieurs grandes familles, à commencer par le sponsoring et les hospitalités. Les droits télévisés se trouvent en deuxième position. Ils représentent 75 millions d'euros dans l'ensemble du rugby, un chiffre qui a beaucoup augmenté ces dernières années. Le rugby se porte bien, il est le second sport en termes de valorisation et d'audience derrière le football. Ces éléments participent au fait que les diffuseurs augmentent leurs investissements. Ensuite, viennent le hors-rugby, puis la billetterie et le merchandising.

Le principal actionnaire du LOU est GL events. Le groupe Serfim et Em2C viennent compléter cet actionnariat. A l'heure où le rugby cherche son modèle économique, n'est-il pas dangereux que le club ne soit dépendant que d'un grand actionnaire ?

Il m'est difficile de parler à sa place, mais l'expérience a montré qu'Olivier Ginon et GL events savent s'investir sur le long terme. Il a cette volonté de faire grandir et réussir le club.

Nos actionnaires sont des acteurs de l'économie lyonnaise et contribuent fortement au développement tant du LOU que de l'activité locale. On pourrait le comparer à Pierre Fabre à Castres ou Michelin à Clermont-Ferrand, où les clubs sont adossés à de grands groupes.

Le modèle économique du rugby a plus particulièrement été remis en question lors de la fusion, finalement avortée, du Racing 92 et du Stade français. Une fusion pourrait-elle également être envisagée au niveau local ?

Le Stade français a besoin de trouver un nouveau modèle économique qui permette de pérenniser le club. Une des solutions était la fusion. Je pense qu'il vaut mieux fusionner que mourir. J'espère qu'il y aura un repreneur, ou en tout cas un nouveau projet.

Concernant les fusions au niveau local, le sujet a pu être évoqué par le passé, mais actuellement je ne suis pas au courant de fusions potentielles entre des clubs d'Auvergne-Rhône-Alpes. Ce choix peut cependant être pertinent dans d'autres situations : on a par exemple souvent parlé des clubs basques de Biarritz et Bayonne. Ce sont des décisions et des contextes qui leur appartiennent.

A Bourgoin-Jailleu, la situation est sans doute inquiétante, ce qui n'est pas positif pour le rugby régional (la structure professionnelle a été liquidée par le tribunal de commerce de Vienne. L'association repartira en Fédérale 1, NDLR). Plus la densité de clubs de haut niveau est forte, mieux c'est pour le rugby régional, et par conséquent pour chacun des clubs. J'aurais aimé que Grenoble reste avec nous, que Bourgoin soit en pro D2, qu'Oyonnax remonte et que Bourg-en-Bresse revienne en fédérale 1.

Faut-il davantage encadrer les déficits d'exploitation des clubs, comme le suggère le président du RC Toulon Mourad Boudjellal ? Quelle est la situation du LOU Rugby à ce niveau ?

Certains clubs perdent de l'argent, et leurs déficits sont comblés par du mécénat. Alors certains crient à l'injustice. Mais libre à eux d'investir s'ils le souhaitent. C'est une richesse formidable que des entrepreneurs comme Mohed Altrad à Montpellier ou Jacky Lorenzetti au Racing 92 soient dans le rugby. Après, il est nécessaire de fixer des limites pour ne pas se retrouver comme dans le football, où des clubs sont en situation ultra-dominante. Que la ligue réfléchisse à encadrer ces déficits est une bonne initiative.

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Plus généralement dans le rugby, il est important de trouver des revenus par tous les canaux que nous avons évoqués. Un des garde-fou est le salary cap. Par exemple, il est impossible d'avoir un PSG qui dépenserait 30 millions d'euros, quand d'autres sont limités à deux millions. Cette clause permet que les sources de revenus ne soient pas toutes réinjectées dans le salaire des joueurs mais dans les infrastructures, l'accueil du public... J'y suis attaché car cela garantit une équité économique et confère une attractivité. A trois matchs de la fin de la saison, deux équipes étaient encore en lice pour remporter le championnat de France. Cette année, aucune équipe n'était à l'abri : on peut battre tout le monde, mais aussi être battu par tout le monde.

Yann Roubert Lou Rugby

Quel est votre positionnement concernant les contrats fédéraux ?

Nous avons un objectif commun : que le rugby français se porte bien, et pour cela, nous avons besoin que l'équipe de France soit forte. Elle doit se trouver dans les meilleures dispositions pour retrouver son rang, et devenir championne du monde. Depuis cinq ans, il est vrai que nous ne sommes pas bons : nous n'avons jamais été dans les deux premiers européens, une place que nous devrions pourtant occuper. Ce projet implique de mettre les joueurs dans les meilleures dispositions. Toutefois, il ne faut pas confondre cet objectif avec les moyens. Les moyens sont plutôt une mise à disposition élargie consentie par les clubs, sans pour autant aller vers des contrats fédéraux.

La rumeur avait un temps annoncé Virimi Vakatawa à Lyon. Une information que vous aviez démentie. Pourrait-il quand même un jour intégrer le club ?

Il est sous contrat fédéral, sa situation ne lui permet pas de joueur dans le club. Mais si cela évolue, on connaît la capacité du joueur donc comme d'autres clubs, nous serions heureux d'avoir Vakatawa dans notre équipe. Si l'on trouve bon modus operandi pour les joueurs internationaux avec les clubs, alors on pourra y réfléchir.

(Vakatawa est désormais proche de s'engager avec le Racing, NDLR)

L'an dernier, Frédéric Michalak a signé au LOU. Ce recrutement fait-il partie de la stratégie de votre club ?

Tout est une question d'équilibre. Son expérience fait du bien sur le terrain, mais aussi en dehors car il fait comprendre aux plus jeunes qu'il faut s'impliquer, travailler, ce qui est bénéfique pour l'ensemble du groupe. Mais à l'inverse le LOU avait trois joueurs en équipe de France des moins de 20 ans lors du tournoi des six Nations.

De nouveaux recrutements vont-ils être effectués dans ce sens ?

Nous avons déjà annoncé six ou sept recrutements qui vont dans ce sens. Parmi eux, nombre de joueurs sont français car nous devons respecter un quota de joueurs issus de la formation nationale. De ce point de vue, nous n'avons pas été les meilleurs cette année, car notre objectif était avant tout de finir dans les douze premiers.

La subvention accordée par la métropole de Lyon au LOU Rugby pour financer son centre de formation a augmenté de 44 % cette année. Avoir un centre de formation performant est-il primordial pour le club ?

Pour l'avenir du club, il est essentiel de préparer la relève sur le terrain. Nous avons aussi tout intérêt économiquement à former de jeunes joueurs. De ce point de vue, la ville de Lyon est une chance car elle offre toutes les possibilités académiques d'attirer les jeunes joueurs, tant scolairement que sportivement.

La Tony Parker Adéquat Academy va également s'installer à Gerland. Quel regard portez-vous sur cette initiative, novatrice dans le secteur ?

Notre centre de formation accompagne également les joueurs dans leurs projets académiques. Il est essentiel de permettre aux joueurs du LOU d'avoir des horaires aménagés. Tous ne deviendront pas des professionnels, alors il est important qu'ils aient ce bagage scolaire.

Vous avez déclaré lors d'une conférence à l'emlyon qu'il fallait donner "plus de place au sport dans l'éducation pour favoriser l'essor du sport universitaire". La solution est-elle d'imposer le sport, ou plutôt d'améliorer la pédagogie autour ?

A mon niveau, je milite pour que le sport soit davantage répandu dans la société et dans l'éducation. Je serais heureux que l'on considère le sport comme une activité à part entière. Une étude du Medef réalisée dans les entreprises françaises montre plusieurs enseignements : qu'un salarié sportif a neuf ans de plus d'expérience de vie ; qu'une entreprise dont les collaborateurs font du sport peut gagner entre 6 et 9 % de productivité ; et qu'un sportif coûte 300 euros de moins en moyenne à la collectivité. Chacun est gagnant : l'individu, l'entreprise et la collectivité.

Vous êtes d'ailleurs au comité sport du Medef. Les entreprises ont-elles cette obligation de s'investir dans le sport ?

Un club de rugby ne peut pas vivre sans l'aide des entreprises. Cette réalité n'est pas seulement celle du LOU : beaucoup d'entreprises et d'entrepreneurs viennent soutenir le sport. A Lyon, le sport de haut niveau a toute sa place, et évidemment, son développement se fait avec l'appui des entrepreneurs.

Comment imaginez-vous le rugby dans les années à venir. A quels enjeux sera-t-il confronté ?

Depuis que le rugby est devenu un sport professionnel, au début des années 2000, sa croissance est très marquée, notamment par rapport aux autres sports. Il doit continuer à se développer, sans pour autant perdre ses valeurs : le joueur doit continuer à reculer de dix mètres en même temps qu'il parle à l'arbitre.

Par ailleurs, le rugby est considéré comme un sport uniquement pratiqué dans la moitié sud de la France, exception faite des clubs parisiens. Pourtant, le club breton de Vannes est monté en pro D2. Il faut que cette dynamique se poursuive. L'inscription du rugby aux Jeux Olympiques lui permet de gagner en universalité. Après, il faut faire attention à la santé des joueurs, car le rugby va de plus en plus vite, et tape de plus en plus fort.

Lors de votre arrivée à Lyon, vous aviez dit n'être ni totalement lyonnais, ni totalement du rugby.

Ayant pratiqué l'alpinisme à haut niveau ainsi que la voile, j'ai toujours eu ce double positionnement. Quand je suis en entreprise, je suis le sportif. Et quand je me situe du côté sportif, je suis celui qui vient du monde de l'entreprise. Cette double casquette me permet d'être les deux à la fois. Mais je n'oublie pas que je ne suis ni un entraîneur, ni un joueur. Mon métier est de faire avancer le club.

Dans mon parcours, j'ai à la fois pratiqué du sport, et exercé en entreprise (au sein de SFR puis GL events, NDLR) : cela me sert au quotidien. Je suis le patron d'une entreprise qui doit rendre des comptes à ses actionnaires, et qui s'inscrit dans le groupe GL events. Je dois faire en sorte que les salariés aient envie de donner le meilleur pour le club, que les partenaires aient envie de venir, puis de rester.

Quel manager êtes-vous ?

Chacun doit avoir un patron, et un seul, à qui il doit se reporter. Pour cela, nous avons déterminé trois pôles : celui sportif. Si nous étions une industrie, ce serait la direction de la production car il doit produire du jeu et des résultats. Puis les pôles administratifs et financier, et celui marketing, commercial, vente. Je laisse, non pas une autonomie mais une responsabilité à mes équipes. A la fin, je prends toutes les décisions, mais en ayant auparavant pris les avis des responsables.

Un club est à la fois une entreprise, et une équipe. Il n'est ni que l'un, ni que l'autre. Et en même temps, il n'est pas l'un sans l'autre. Il faut en être conscient.

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