Halte au concours Lépine fiscal

Par Patrick Martin  |   |  369  mots
La taxe spéciale d'équipement régional, à hauteur de 600 millions d'euros, est une mauvaise réponse à une vraie question : comment doter nos régions de moyens adaptés aux nouvelles compétences qui leur ont été conférées ? Cette affaire augure mal de la qualité et de la sincérité du débat qui nous conduira aux élections du printemps prochain. Par Patrick Martin, président du Medef Auvergne Rhône-Alpes

Le concours Lépine des largesses électorales semble rouvert, en infraction aux indispensables engagements de maîtrise budgétaire pris par notre gouvernement. Ce concours prend notamment la forme tortueuse d'une taxe spéciale d'équipement régional, à hauteur de 600 millions d'euros, qui sera incluse dans le projet de loi de finances 2017. Cette taxe sera essentiellement supportée par les entreprises, mais aussi par les particuliers. Elle a été brutalement décidée, d'un commun accord entre le Premier ministre et le président de l'Association des régions françaises, dont les sensibilités politiques s'opposent.

C'est une mauvaise réponse apportée à une bonne question : comment doter nos régions de moyens adaptés aux nouvelles compétences qui leur ont été conférées ? Au niveau insupportable de prélèvements obligatoires que subit notre pays, sans résultats probants, quelques sources d'économies ou de réaffectations budgétaires doivent bien exister.

Conscience

Ceci est grave, de par les sommes en cause, mais aussi en raison du message qui nous est ainsi adressé, en complète contradiction avec d'autres discours plus positifs, émanant d'un bord politique ou d'un autre. Les entreprises, qui financent déjà les collectivités territoriales à hauteur de 37 milliards d'euros par an, sont donc en droit de s'émouvoir à double titre. Elles demandent à nos gouvernants des approches stratégiques lisibles, courageuses et déclinées avec constance.

Cette affaire de nouvelle taxe augure mal de la qualité et de la sincérité du débat qui nous conduira aux élections du printemps prochain.

Notre pays ne peut se permettre d'escamoter une nouvelle fois les vrais enjeux qui engagent son avenir, comme ce fût déjà le cas en 2012, avec les résultats que l'on sait.

Les chefs d'entreprise sont parfaitement conscients de leurs responsabilités économiques, sociales et sociétales. Ils les assument essentiellement. C'est la raison pour laquelle ils entendent faire valoir leur point de vue dans le débat démocratique qui s'ouvre : la voix du bon sens, du long terme et du parler vrai. Puissent-ils, pas plus mais autant que d'autres, être entendus !

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