Objets connectés : l'émergence de la protection sociale 3.0

Une révolution portée par les industries numériques se prépare pour en faire un des leviers du bien-être. Et ce, alors même que la santé anime les débats parlementaires et que tous les assureurs se mobilisent sur la conquête du marché né de la généralisation de la complémentaire à horizon 2016.

Les récentes innovations technologiques ont permis le déploiement d'un nombre croissant d'objets communicants du quotidien - smartphones, montres, lunettes, brosses à dents - qui nous transforment progressivement en individus hyper-connectés. Quelque 75 milliards de capteurs équiperont ainsi la population dès 2017. Ils offrent notamment la possibilité de l'auto-mesure (« quantified self ») de ses données physiques, biologiques et comportementales et leur transmission vers des plateformes de santé.

1,7 milliard d'utilisateurs annoncés

Cette connaissance partagée, en temps réel, du poids, de la tension artérielle, de l'indice de masse corporelle, des calories consommées et dépensées ou encore des cycles du sommeil, ouvre la voie au suivi médical à distance, à la télémédecine ou à la m-santé (santé sur mobile) pour plus de 1,7 milliard d'utilisateurs annoncés dans deux ans. Les acteurs de cette e-santé, dont le poids économique croit au rythme de 7 % par an, rassemblent autant de professionnels de santé que d'éditeurs informatiques dans la création d'applications - déjà près de 100 000 disponibles - spécialisées dans le diagnostic et le traitement des maladies chroniques (diabète, obésité, etc.)

Des offres adaptées aux besoins

Une corrélation existe entre stress et santé, tous deux fondamentaux du bien-être et enjeu économique majeur pour l'État comme pour les assureurs. Ce changement de paradigme laisse imaginer que la collecte et l'utilisation de milliards de données individuelles pourrait modifier radicalement la logique de notre protection sociale et transformer le métier, voire le rôle des assureurs de personnes. Depuis toujours fondée sur l'analyse statistique de variables stables telles que le sexe, l'âge, la profession ou la situation maritale, l'assurance pourrait appréhender le risque et son coût associé de manière individuelle et comportementale, à l'instar de ce qui existe pour l'automobile, et ainsi bâtir des offres parfaitement adaptées aux besoins.

Dans ce contexte, sa valeur ajoutée évolue vers le conseil, la recommandation et la prévention, principal levier de réduction des coûts, pour devenir acteur de la santé des individus qu'elle protège. Si ce concept de protection sociale co-active, qui privilégie le préventif au curatif, est désormais envisageable pour contribuer à cet objectif légitime de bien-être, il remet en cause le principe de mutualisation. Ce principe, ferment de la solidarité qui caractérise notre système actuel, questionne sur la sécurité, la confidentialité et la fiabilité de données personnelles et sensibles, concentrées chez de grands acteurs du digital et d'Internet déjà incontournables.

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