Mobilité urbaine : place à l'optimisation !

La mobilité de demain était au centre de la conférence-débat organisée le 15 décembre 2016 par Acteurs de l'économie-La Tribune, avec CNR, GRDF et la métropole de Lyon. Où il est apparu que de nouveaux usages et modes de déplacement émergent, signant le recul de l’automobile autosoliste, tandis que de nouvelles énergies (électricité, gaz, hydrogène) concourront, dans un très proche avenir, à optimiser nos déplacements et les rendre plus vertueux au regard de l’environnement.

Interpellé quant à la fin de l'automobile en zone urbaine, Yves Crozet, économiste, spécialiste de l'économie des transports, évoque d'emblée un paradoxe : loin de voir la voiture disparaître des villes, c'est bien à son retour en grâce que nous assistons.

Un retour en grâce permis par de nouveaux modes de déplacement et de nouveaux usages : covoiturage, autopartage et digitalisation de la mobilité concourent à transformer profondément notre utilisation de l'automobile en secteur urbain. Un paradoxe également au regard des politiques publiques qui visent à diminuer la présence de la voiture en ville et à en limiter les risques et les nuisances (pollution atmosphérique, bruit, accident).

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Yves Crozet (photo ADE/Laurent Cérino)

Pour Yves Crozet, "il est essentiel de raisonner en termes de consommation d'espace urbain. La voiture individuelle est une énorme consommatrice d'espace, si l'on compare avec les déplacements piétonniers ou en transports en commun."

Contraindre l'automobile

Nos métropoles sont actuellement en situation de "surabondance automobile", détaille l'économiste, qui préconise de "contraindre la voiture en zone urbaine", en réduisant l'espace alloué à l'automobile individuelle. "Ainsi, en ville, la majorité des déplacements en voiture n'excèdent pas trois kilomètres. En la contraignant, on favorise d'autres modes de transports, notamment les modes doux."

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Une autre solution pourrait être le partage d'un véhicule et l'adoption de forme intelligente - entendons "connectée" - de mobilité.

"Afin d'optimiser nos déplacements, encore nous faut-il interroger l'utilité du mode de transport que nous empruntons et poser la question de sa consommation d'espace urbain."

Tout électrique ?

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Salle comble. (photo ADE/Laurent Cérino)

Reste la problématique de l'énergie : assistera-t-on vers un passage au tout électrique ? Pour Frédéric Storck, directeur de l'énergie chez CNR, "trois obstacles s'opposent encore au développement de l'électrique" : l'autonomie du véhicule, d'abord, encore relativement faible, le déploiement des infrastructures de recharge, ensuite, le temps de charge du véhicule, enfin.

Cependant, la voiture électrique apparaît comme une solution supplémentaire pour optimiser nos déplacements, confirme Pierre Soulard, responsable du service Mobilité Urbaine au Grand Lyon.

"Nous cherchons tous en milieu urbain à choisir le bon mode de transport au bon moment".

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L'automobiliste individuel tend à disparaître. Ou plutôt, ce comportement se combine à d'autres modes de déplacement dans un contexte de multimodalité. La voiture ne doit plus être un réflexe : "Il est impératif de choisir sa solution de mobilité selon le moment et l'objet du déplacement", explique encore Pierre Soulard, qui relativise l'avantage de la voiture électrique au regard de sa consommation d'espace urbain.

Mixte énergétique

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Frédéric Storck, Pierre Soulard et Didier Saussier. (photo ADE/Laurent Cérino)

Pour Didier Saussier, directeur régional Rhône-Alpes et Bourgogne de GRDF, le salut ne réside pas forcément dans le tout électrique, mais plutôt dans un mixte énergétique : moteur électrique, moteur à hydrogène et gaz naturel véhicule (GNV).

"Il faudra, à l'avenir et dans un avenir proche, jouer la complémentarité et la mise à disposition de ces solutions énergétiques, indique-t-il. Le but est d'adapter la solution au besoin."

Le tout dans un contexte de convergences d'intérêts entre les pouvoirs publics, les transporteurs routiers et les automobilistes. Cette convergence, note Frédéric Storck, doit aussi s'opérer au niveau même des stations de recharge en énergie qui se devront de proposer des bornes gaz, hydrogène et électrique afin d'assurer la complémentarité des énergies de transport. Et Didier Saussier de le rejoindre :

"Le panachage énergétique s'effectuera selon l'usage dans un souci d'optimisation économique".

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