Disparition des filières industrielles

Alors que la France a perdu de nombreuses industries ces dernières années, une volonté de reconquête est à l’œuvre. Cette ambition s'accompagne de discours portant sur la nécessaire transversalité des filières et la promesse de mise en œuvre rapide d'actions qui se veulent inclusives et créatrices d'emplois.
(Crédits : DR)

La France continue de faire partie du peloton de tête de la désindustrialisation en Europe et son déclin a entraîné une déstructuration de bassins d'emploi et de pans entiers de l'économie. La vision du "zéro usine" portée par des économistes et des capitaines d'industrie a fait long feu et l'État veut maintenant préserver ses filières industrielles et économiques, après avoir longtemps simplement cherché à accompagner et à gérer socialement leur déclin.

"Nouvelle politique industrielle"

En 2013, une "Nouvelle politique industrielle" a été mise en place, qui s'appuie sur un Conseil national de l'industrie doté de 14 comités de filières. Elle sonne le glas de la politique nationale industrielle planificatrice, et laisse la place à la concertation étroite et à la co-construction entre les "Forces vives de l'industrie" et l'État, au moyen de contrats de filières, déclinés en feuilles de route. Cette volonté de reconquête industrielle s'accompagne de discours portant sur la nécessaire transversalité des filières et la promesse de mise en œuvre rapide d'actions qui se veulent inclusives et créatrices d'emplois.

Préservation

Ce changement de paradigme se met difficilement en place dans un pays rigidifié par ses corporatismes et ancré dans un centralisme viscéral. La difficulté et l'absence de pratique de la territorialisation rendent cette volonté de changement de méthode de gouvernance peu visible et efficace. L'État reprend d'ailleurs rapidement la main sur les sujets qu'il estime stratégiques. En effet, les écosystèmes productifs français réagissent mal en période de changement et, de ce fait, ne se régénèrent pas assez rapidement. On constate que les politiques économiques visent peu la consolidation et le développement de l'existant, celui-ci étant souvent axé sur le futur. Or, le détricotage d'un tissu industriel peut être très rapide !

On commence à constater que la préservation de l'intégrité d'une filière est primordiale à la survie de l'ensemble de celle-ci, alors qu'une idée communément admise était de se concentrer sur les activités à forte valeur ajoutée.

C'est au niveau des bassins d'emploi que se situe la vraie vie des filières et c'est à cette maille que doivent se développer et se reconstruire les chaînes de valeur des activités : le développement et la réussite de certains clusters le démontrent bien. La proximité avec les enjeux et la réalité des situations rendent les orientations et les actions beaucoup plus opérationnelles et adaptées aux réalités business. Les décideurs perçoivent le croisement de leurs intérêts et comprennent que la filière ou le bassin d'emploi constitue leur « bien commun », à préserver collectivement.

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Commentaires 2
à écrit le 11/07/2016 à 17:46
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pour faire court : tant que ce pays produira plus de sociologues que de plombiers on continuera d'aller droit dans le mur.

à écrit le 07/07/2016 à 15:26
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Tout ça ce n'est que des mots, les actions qui se passent en France font qu'ils éloignent les investisseurs

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