[TUP 2015] Réformer la France par le bas : c'est possible !

Dans le cadre de la 5e édition de Tout un programme, organisée par Acteurs de l'économie, en partenariat avec La Tribune, TLM et 8 Mont Blanc, Michel Godet, économiste, vice-président de la Fondation du Futur, Fréderic Maurel, directeur Rhône-Alpes Auvergne de Mazars et Olivier Marion, directeur Rhône-Alpes du CNAM ont débattu sur l'urgence de réformer la France. Tous s'accordent pour affirmer que le salut du pays viendra de la France "d'en bas".
Sur le plateau de TLM

Michel Godet, économiste, auteur de nombreux ouvrages ne mâche pas ses mots sur le plateau de TLM. Dès la première question des animateurs du débat organisé le 30 novembre dans le cadre du cycle de conférences Toit un Programme 2015 - Jean-Pierre Vacher pour TLM et Denis Lafay pour Acteurs de l'économie -, il fustige les fonctionnaires, "ceux qui imaginent "d'en haut" des choses qui ne marchent pas" au lieu de s'inspirer des initiatives positives émanant des territoires.

Fonction publique déconnectée

"On ne peut apprendre le monde dans les livres", poursuit le vice-président de la Fondation du Futur qui imagine un système vertueux où, comme en Suisse, les élus ne sont pas rémunérés, obligés de conserver leurs propres activités professionnelles pour conserver un pied dans la réalité. Voire en s'inspirant de la Grande-Bretagne, "où il est interdit d'être un fonctionnaire élu", selon l'économiste.

"Malgré le travail exemplaire de la Cour des Comptes qui dénonce régulièrement les abus et qui pose l'efficacité de la question publique, il est dommage que le politique ne soit pas jugé par rapport à des indicateurs donnés. Et sanctionné en conséquence", regrette Fréderic Maurel, directeur Rhône-alpes Auvergne de Mazars.

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 Frédéric Maurel, directeur Rhône-Alpes Auvergne de Mazars (crédit : Laurent Cerino/ADE)

La réforme territoriale, effective au 1er janvier 2016, est un bon exemple.

" L'idée globale, c'était de supprimer des strates pour faire baisser le poids important de certaines régions et de baisser les couts de fonctionnement des collectivités locales", poursuit Frédéric Maurel.

En réalité, elle a donné lieu, parce qu'elle n'a pas été décidé "en tenant compte des réalités du terrain" à des inégalités de traitement entre les régions. "Si Auvergne grimpe sur les épaules du géant rhônalpin, la région Est devient un mastodonte, deux fois plus grand que la Belgique, difficile à manier", explique Michel Godet. "Il faudra du courage politique pour ne pas, au final, additionner les coûts", martèle Frédéric Maurel.

Dynamisme territorial

Michel Godet ne réfute pas le système dans son ensemble. Il préconise un changement de paradigme.

"Je ne suis pas contre les aides, mais elles doivent émaner du local et remonter. Nos politiques doivent avoir le courage du bon sens, celui qui vient des territoires, des entreprises privées, des initiatives locales", lance Michel Godet.

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Michel Godet, économiste (crédit : Laurent Cerino/ADE)

Comme en témoigne Olivier Marion, directeur Rhône-Alpes du Cnam :

"Chaque jour, j'assiste à l'émergence de nouveaux projets, portés par des individus qui ont le désir d'entreprendre".

Car le territoire, a fortiori s'il est plus petit (donc plus agile) n'est pas un handicap pour se développer. "C'est la dynamique de l'entreprise qui fait la différence", souligne Michel Godet.

Droit à l'expérimentation

Frédéric Maurel confirme:

"Il faut alléger l'emploi, la fiscalité, optimiser la formation et les compétences pour libérer les initiatives. Les règles du jeu ont changé : il faut que les entreprises puissent exprimer leur audace sans contraintes trop fortes pour conserver l'esprit entrepreneurial",  .

Pour réformer, les intervenants préconisent l'expérimentation.

"Nous avons l'obligation morale, face au pessimisme du monde, de laisser place à l'expérimentation, à la rupture, à l'exotisme qui ne s'inscrit pas dans le cadre et à l'innovation non standardisée. Il faut simplifier les procédures", argumente Olivier Marion.

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Olivier Marion, directeur Rhône-Alpes du CNAM (crédit : Laurent Cerino/ADE)

Au droit à l'expérimentation, Michel Godet ajoute la nécessité d'évaluer les mesures et le droit à la comparaison.

"Il ne faut pas hésiter à se comparer aux autres pour emprunter les meilleures pratiques. Attention à l'exception françaises : si les autres pays ne s'engage pas sur tel ou tel chemin, c'est peut-être qu'il y a une bonne raison. Etre trop en avance peut tuer une bonne idée", détaille l'économiste

Confiance et optimisme

Malgré ce sombre tableau, la confiance reste de mise.

"Si le mal est en nous, la solution est aussi en nous. Si chacun bouge, l'ensemble bougera car si on ne tient pas compte des besoins du peuple, il ne faudra pas s'étonner d'avoir de mauvaises surprises au final", prévient Michel Godet.

Optimisme, Olivier Marion souligne que l'homme est "ingénieur de soi, doté d'un potentiel fabuleux pour l'innovation". Tout est une question de maturité. "Mais plus on changera vite, mieux ce sera pour le pays", conclut Michel Godet.

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