Daniel Karyotis (Banque Populaire AURA)   : "Notre banque ne pourra plus fonctionner comme avant"

Par Denis Lafay  |   |  3169  mots
(Crédits : tekoaphotos)
C'est en "capitaine de bateau", aux commandes d'un équipage "musclé" et d'un corps social qui "repousse les limites de la réactivité au-delà de notre imaginable" que le directeur général de Banque Populaire Auvergne Rhône-Alpes (BP AURA) Daniel Karyotis affronte, "avec pragmatisme, rationalité et sang-froid", la tempête. Une tempête aux répercussions économiques, sociales, managériales, autant pour son établissement que pour l'économie du territoire, aussi "inévitables" qu'encore indéchiffrables, mais auxquelles il veut d'ores et déjà opposer des enseignements - l'efficacité du télétravail, l'utilité de la dématérialisation, la réactivité des pouvoirs publics, la pertinence du Prêt Garanti par l'Etat (PGE) -, une espérance - la réhabilitation de l'image des banques de proximité -, et un engagement : "l'humanité est à un tournant civilisationnel, notre banque devra se transformer pour en être actrice", assure l'enseignant à HEC.

La Tribune - Ce moment si particulier de début de confinement, comment l'éprouvez-vous intimement, comment l'interprétez-vous intellectuellement ?

C'est un moment très important, et pour plusieurs raisons. D'abord, il replace l'essentiel dans la hiérarchie des préoccupations : notre santé, celle de nos proches, celle de l'humanité. Et ses corollaires : le système et les praticiens du soin. Il est aussi un révélateur de solidité et donc de fragilité. Solidité et fragilité des hommes en premier lieu, également des organisations et des entreprises.

Enfin, il nous invite, dans notre cercle intime mais aussi professionnel, à accueillir les émotions, à comprendre les craintes, auxquelles il faut répondre avec pragmatisme, rationalité et sang-froid. Trois conditions clés pour prendre les bonnes décisions au bon moment, et c'est ce que les salariés attendent du capitaine de leur bateau lorsque celui-ci est confronté à une telle tempête, aussi subite qu'inédite, à laquelle personne n'était préparé, et dont l'issue et les répercussions ultérieures sont inconnues.

Tout chef d'entreprise est écartelé : entre ses doutes et la nécessité de lever ceux de ses salariés, entre ses émotions et l'obligation de canaliser celles de ses collaborateurs, entre sa possible fatigue (physique, psychique) et le devoir d'écouter et de combler celle de son équipage. Et en l'occurrence, il n'a pas d'autre alternative que d'être, solide, à la barre.

La Banque populaire Auvergne Rhône-Alpes (BP AURA) est un paquebot qui emploie 3 400 salariés. Un paquebot par définition moins agile et réactif à piloter qu'un yacht. Comment, en matière de gestion, d'organisation, de management, gouverne-t-on dans un tel séisme ?

Moins agile peut-être - et encore, pour ce qui nous concerne, je le conteste -, mais plus solide et riche d'alternatives et d'une inventivité en proportion de sa taille ! Il est étonnant, et même un enseignement pour plus tard, de constater comment en moins d'une semaine nous sommes parvenus à nous adapter aux nouvelles contraintes, à ajuster, parfois en profondeur, notre modèle pour répondre aux attentes de l'Etat et de nos clients, tout en protégeant la santé de nos collaborateurs. Comme dans beaucoup d'entreprises, nous avons repoussé nos limites au-delà de ce que nous pouvions imaginer, et sur ce point aussi il y aura un avant et un après pandémie.

Face à une crise aussi atypique, la qualité de l'équipe amenée à prendre les décisions est capitale. Une équipe qui doit être musclée, équilibrée, complémentaire et solidaire, qui fonctionne dans la transparence et la confiance. Le management figure au premier rang de mes responsabilités, à destination aussi de tout le reste du corps social. En dépit des contraintes et des angoisses qui sont les leurs, les salariés doivent être simultanément mobilisés au quotidien et tournés vers "après" - même s'il est encore peu lisible.

Conserver bien vivant, bien réel ce lien auprès des salariés confinés et en télétravail est déterminant, et à cette fin nous réalisons des échanges via les réseaux sociaux, nous les informons régulièrement des nouvelles - y compris les bonnes, car il y en a ! -, et nous sommes aussi à leurs côtés pour les aider à "bien décider" ; en effet, ce type d'événement bouleverse les repères habituels, et des collaborateurs peinent à hiérarchiser l'essentiel, et à le distinguer du secondaire. La clé de voûte d'un tel dispositif repose sur la discipline et l'organisation.

" Plus le confinement s'étendra au-delà de la fin du mois d'avril, plus les conséquences augmenteront pour l'économie et donc pour notre banque."

En 2019, votre établissement a généré un PNB de 691 millions d'euros, a réalisé un résultat net de 127 millions d'euros, et il détenait près de 3 milliards d'euros de capitaux propres. L'impact économique, financier et social de cette crise, commencez-vous de l'estimer ?

C'est, aujourd'hui, impossible. Il y aura, bien sûr, des répercussions, d'ores et déjà sur le chiffre d'affaires et le coût du risque. Mais de quelle ampleur ? Et sous quelles formes précisément ? il est trop tôt pour s'exprimer. Car la principale variable tient à la durée du confinement.

Si ce dernier s'achève fin avril, on peut envisager une lente reprise de l'activité de mai à juillet inclus, et en espérant un début d'accélération pour la fin de l'année. Si tel était le cas, les effets sur nos résultats seraient alors moins importants. Plus le confinement s'étendra au-delà de la fin du mois, plus les conséquences, mécaniquement, augmenteront pour l'économie et donc pour notre banque.

Les banques continuent d'assurer un service bancaire. Ce service bancaire prend la valeur, dans le contexte, d'un service public. Vos salariés peuvent-ils exercer un droit de retrait ?

Le Premier Ministre a rappelé les prérogatives et la responsabilité des banques pendant la période de confinement, nous devons les mettre en œuvre. Le rôle des banques est essentiel pour éviter à l'économie réelle de sombrer, y compris parce qu'il constitue l'un des leviers d'application des plans nationaux et européens de sauvegarde. Cela signifie qu'il n'existe pas de droit de retrait possible car que se passerait-il si tous les collaborateurs l'exerçaient en même temps ?

Nous avons déployé d'importants dispositifs dont l'objectif est d'assurer cette mission et, en parallèle, la totale sécurité de nos salariés. Plus de 60% de nos collaborateurs ainsi sont en télétravail et par ailleurs nous avons mis en place des mouvements de rotation du personnel dans les agences et les services du siège.

"L'utilité de la banque de proximité éclate au grand jour. Et c'est l'occasion de rappeler que la banque de l'économie réelle, n'est pas celle des banques d'affaires ou des hedge funds, dont l'irresponsabilité et la cupidité ont provoqué la catastrophe il y a douze ans "

La pandémie confère au télétravail ainsi expérimenté dans la quasi-totalité des activités de service un avenir radieux. Dans ce domaine aussi il y aura un avant et un après. Avec toutefois un effet d'aubaine pour les entreprises que ce mécanisme déleste opportunément de coûts (locaux, etc.). Il sera important de rappeler que le télétravail, aux manifestations managériales et sociales contrastées, n'est pas "que" bonheur partagé pour le salarié et l'employeur...

Bien sûr. Il n'en demeure pas moins qu'il peut constituer un point de rencontre opportun des intérêts des salariés et de l'entreprise. A condition d'être bien pensé, c'est d'ailleurs le sens de l'accord cadre que nous avons signé il y a deux ans.

Je crois beaucoup au télétravail, et dans ce domaine aussi l'épreuve que nous subissons devra nous servir, afin qu'en cas de reproduction nous soyons armés pour réagir encore plus vite et à tous les échelons de l'entreprise.

Mais en parallèle, pour être confronté moi-même à une forme d'isolement au sein du siège de la banque, on se rend compte à quel point les échanges physiques et les contacts sont indispensables à notre bien-être et à notre équilibre.

Outre le télétravail qui leur est lié, la digitalisation et la dématérialisation des métiers sont au cœur de la transformation des banques. Elles constituent à la fois une nécessité, une inéluctabilité... et une vive inquiétude quant à l'avenir des emplois, du réseau physique des agences, des actions de reclassement "métiers". L'expérience - plus précisément l'expérimentation - digitale que vous exercez depuis trois semaines profitera à cette transformation, nul doute qu'elle l'accélérera. Jusqu'aux effets délétères ci-dessus soulignés ?

Oui, la dématérialisation d'une partie des métiers de la banque est inéluctable. Non, elle ne signifie aucunement une menace pour les emplois et le réseau d'agences. Au contraire, elle fait naître pour les salariés de nouveaux métiers, de nouvelles évolutions en interne, et pour la banque de nouvelles possibilités d'agir, de nouveaux gisements d'activité. Nous sommes extrêmement sourcilleux que cette évolution profite équitablement à la banque, aux salariés, et bien sûr aux clients.

L'épreuve que nous traversons nous exhorte à tester ou à généraliser des pratiques, comme par exemple la signature à distance, ou une communication performante, immédiate, équitable auprès des salariés et des clients. Elle est aussi l'opportunité de nous préparer un jour à fonctionner en autarcie complète si le contexte nous y oblige, et le niveau d'équipement, d'organisation, de canaux en matière de digitalisation se révélera alors cardinal.

J'ajoute, enfin, qu'à ce niveau aussi, nous ne sommes pas seuls à décider. La Banque populaire Auvergne Rhône-Alpes fait partie du groupe Banque populaire qui lui-même appartient au groupe BPCE. Des stratégies aussi impactantes que la transformation des métiers ne sont pas décidées isolément et font l'objet de réflexions et de décisions partagées.

Il est bien trop tôt pour anticiper ce que sera l'impact réel de la pandémie sur les économies française et mondiale. Les économistes eux-mêmes, échaudés par le discrédit de leurs prévisions post-crise financière en 2008, sont très prudents. Reste une réalité : la récession sera inévitable, et d'une ampleur et d'une violence que d'aucuns comparent à celle de 1929 aux Etats-Unis. Partagez-vous cette opinion ?

Non. Affirmer cela aujourd'hui, à la lecture de ce que nous savons factuellement, de ce que nous subissons réellement, est infondé. L'ampleur finale de la crise sera indexée sur la durée et l'étendue géographique du confinement. Lesquels, pour l'heure, sont méconnus. Je le répète : en France (et en Europe), si nous sortons du confinement à la fin du mois ou début mai, nous éprouverons bien sûr une récession, mais qui pourrait alors être au niveau de celle de 2009. Laquelle fut, faut-il le rappeler, terrible : 2,9% en France, et même 5,5% en Allemagne. La situation aux Etats-Unis s'annonce certes très sombre, mais à l'opposé, la manière dont la Chine renaît peu à peu, encourage à l'optimisme.

"Oui, la dématérialisation d'une partie des métiers de la banque est inéluctable. Non, elle ne signifie aucunement une menace pour les emplois et le réseau d'agences."

Un large éventail de mesures massives exercées par les Etats, les banques centrales et notamment la Banque Centrale Européenne, est déployé. L'ampleur et l'organisation de ces dispositifs sont-elles à la hauteur de l'enjeu ? Leur efficacité souffre-t-elle du déficit de gouvernance internationale et des réflexes souverainistes ?

Incontestablement, ces dispositifs sont à la hauteur. A ce titre, "l'expérience" de la crise financière de 2008 s'est révélée précieuse : à l'époque, la BCE avait réagi avec retard et mis en œuvre sa contre-attaque avec lenteur, ce qui avait contribué à aggraver l'ampleur du séisme. Particulièrement en France, il faut saluer la célérité et la qualité des ripostes. Et en premier lieu le PGE (Prêt Garanti par l'Etat, à hauteur de 300 milliards d'euros). Il est un étage de la fusée, c'est-à-dire qu'il est efficace seulement si les autres composantes de la fusée fonctionnent. Il est mesuré et adapté à la situation des entreprises aujourd'hui ; le sera-t-il toujours demain si la crise perdure ? "Nous" - l'Etat, les entreprises les citoyens - apprenons, avec cette pandémie, que la vérité d'un jour peut ne plus être celle du lendemain, et qu'il faut ajuster les dispositifs avec doigté, agilité, et réactivité.

Le PGE en France comme les 750 milliards d'euros que la BCE destine au rachat des dettes publiques et privées dans les pays européens, constituent le squelette du soutien des pouvoirs publics aux économies domestiques. A l'échelle d'un établissement bancaire comme le vôtre, qu'est-il initié pour secourir l'économie réelle, celle d'un territoire socio-économique composé d'une constellation d'entreprises de tailles et de solidité très disparates, d'artisans, de commerçants extrêmement vulnérabilisés ?

Nous avons pris immédiatement trois mesures : le report automatique, de six mois, de tous les crédits aux professionnels et aux entreprises. Cela concerne plus de 80% de nos clients et représente aujourd'hui déjà environ 50 000 prêts qu'il a fallu en quelques jours actionner dans ce sens. Nous avons mis en en place le dispositif Solid'AURA, destiné à soutenir les potentiels problèmes de trésorerie des entreprises. Enfin, en partenariat avec la Région Auvergne-Rhône-Alpes, nous avons doublé le prêt à taux zéro pour les artisans, et l'avons étendu aux commerçants.

La crise de 2009 avait pour principaux responsables le système et les acteurs de la finance. Dit plus prosaïquement, ces derniers s'étaient rendus coupables de détruire l'économie, donc les entreprises et les emplois. L'image des banques en était sortie considérablement et durablement dégradée. Cette fois, ces mêmes banques ne sont pas à l'origine du séisme, et sont appelées au chevet de l'économie et des entreprises. L'opportunité, pour elles, de se réhabiliter auprès de l'opinion publique ?

Notre responsabilité est grande, nous le savons, nous en sommes pleinement conscients. Le tissu socio-économique du territoire est notre raison d'être, aujourd'hui il a besoin de nous, et nous nous devons d'être à la hauteur de son appel (au secours). Dans ce contexte, l'utilité de la banque de proximité éclate au grand jour - y compris parce qu'elle est la courroie d'application réelle, concrète, locale, des plans de soutien nationaux et internationaux -, la noblesse du métier de banquier de proximité s'exerce dans toute sa légitimité. C'est aussi l'occasion de rappeler que la banque de territoire, la banque de l'économie réelle, n'est pas celle des banques d'affaires ou des hedge funds, dans leur majorité américains, dont l'irresponsabilité et la cupidité ont provoqué la catastrophe il y a douze ans. Si cette pandémie permet de rétablir auprès du grand public la vérité sur ce que nous sommes et faisons réellement, nous ne pourrons que nous en réjouir.

"Toutes les entreprises, quelles que soient leurs situations et leurs spécificités, doivent-elles renoncer à verser des dividendes ? A mes yeux, non."

Du ministre de l'Economie Bruno Le Maire au secrétaire général de la CFDT Laurent Berger, les voix exhortant à ne verser aucun dividende aux actionnaires en 2020 sont nombreuses. L'enjeu est financier, il est surtout éthique. Appelez-vous vos clients à y souscrire ?

Je suis par nature réservé lorsqu'il s'agit d'appliquer un dispositif uniformément, sans tenir compte des spécificités. En l'occurrence cette réserve ne peut qu'être grande. Ce qui est valable pour une entreprise en difficulté recourant aux dispositifs sociaux, fiscaux, financiers de l'Etat, doit-il l'être pour une entreprise en bonne santé, solide, qui produira de bons résultats, et qui ne sollicite aucun de ces leviers ? A mes yeux, non.

La Banque Populaire AURA ne verse pas de dividendes, mais rémunère les parts sociales de ses 330 000 sociétaires. Selon l'ampleur des répercussions sociales et économiques en interne - en termes d'emplois, d'intéressement, de participation, etc. -, déciderez-vous de solliciter la solidarité des sociétaires et de ne pas procéder à cette rémunération ?

Il est inconcevable de comparer les parts sociales aux actions quand on rappelle que les intérêts versés à celles-ci représentent 25 euros en moyenne ! Les parts sont remboursées quant à elles à leur valeur nominale sans plus-value potentielle. Par conséquent, la rémunération des parts sociales ne se pose pas pour moi.

La nature de cette crise est extrêmement singulière, notamment parce qu'elle concerne "la" vie et non le support et les mécanismes (économie de marché) qui organisent "la vie". Demain, les exigences et la pression des citoyens pourraient ne plus être les mêmes, l'obligation de résonner autrement pourrait être toute autre. Et cette possible transformation se manifestera inexorablement chez vos salariés et clients. Comment allez-vous intégrer ce changement de paradigme ?

Non seulement j'entends ce nouveau paradigme, mais je le partage. Nous ne pourrons plus fonctionner de la même manière, c'est une certitude. Et une nécessité. La crise sanitaire illustre l'essoufflement du système, un système qui expose des capacités de nuisance que la planète et donc l'humanité ne peut supporter. Pour seule stigmate, regardez la photographie du tourisme mondial : près de 150 millions de touristes chinois sillonnent le monde, un jour peut-être 250 millions d'Indiens, des géants des mers qui envahissent Venise ou Santorin, une interminable file d'attente sur l'arête sommitale de l'Everest et même du Mont Blanc... A quoi cela rime-t-il ? Mon propos n'est pas de faire du "chinese bashing" qui serait injuste pour ce pays, mais bien de dire stop au tourisme intensif. Et quand l'économie repartira, il ne faudra pas être amnésique et oublier ce que nous pensons aujourd'hui.

"L'humanité est à un tournant ; à son niveau, notre banque devra y prendre part et pour cela son business model devra évoluer."

Mais concrètement, comment un banquier, dans son écosystème - interne et extérieur -, peut-il donner une matérialisation à cette nouvelle responsabilité ?

Nous sommes à un tournant, et l'entreprise devra emprunter les bifurcations auxquelles invite ou que dicte ce tournant. Notre business model devra évoluer, c'est-à-dire s'adapter, mais en ambitionnant d'être davantage un acteur qu'un suiveur de cette transformation sociétale et même civilisationnelle. Ces inflexions concerneront, à différents niveaux, notre stratégie, notre management, notre organisation. Et nos choix d'investissements. A ce titre, les moyens financiers et humains que nous avons décidé de consacrer, depuis l'automne dernier, à la transition énergétique, en sont l'illustration.

Vous dispensez des cours à HEC. A un étudiant vous demandant si l'économie n'a pas perdu définitivement son sens, si le moment n'est pas venu de changer radicalement de modèle, de faire table rase de ce capitalisme fou, que répondriez-vous ?

L'économie a toujours fait et fait encore sens. Mais quelle économie en effet ? L'économie de marché s'exprime de bien des façons, et nombre d'entre elles conjuguent efficacités économique, financière, sociale, environnementale. N'est-ce pas le cas, par exemple, de la filière bio ? Le sens que l'on confère à l'économie ne pourra faire... l'économie d'un strict ajustement de nos comportements "réels" sur nos aspirations. Que voulons-nous vraiment ? Et à cette fin, que sommes-nous prêts à faire vraiment ? Une fois qu'individuellement et bien sûr collectivement nous aurons apporté une réponse claire, alors nous pourrons donner à l'économie un sens inédit.