De Rerum Novarum à Centesimus annus : un siècle de pensée sociale

C'est en réaction aux ravages sociaux de la révolution industrielle que le Pape Léon XIII, en 1891, fonde avec l'Encyclique Rerum Novarum la doctrine sociale de l'Eglise - rebaptisée plus tard « enseignement » social -.

« L'Eglise considère alors le libéralisme économique comme le bras armé du libéralisme idéologique, lequel aspire à organiser la vie de la Cité sans recourir à Dieu. Le capitalisme est alors dépeint, avec une violence inouïe, comme inhumain. Et si l'Eglise condamne également le marxisme, c'est autant par conviction que par souci de ne pas être taxée de marxiste »  explique Bernard Laurent. Deux ans après le chaos de 1929, le Pape Pie XI révèle l'encyclique Quadragesimo anno - qui célèbre le quarantième anniversaire du premier texte - toujours très hostile au capitalisme et qui couronne la visée prospective de l'Eglise. « Nous avions bien prévenu que la société de marché était dangereuse... ».
Les lendemains de la seconde guerre mondiale lénifient l'acrimonie de l'Eglise à l'égard du capitalisme, « même si, dans le fond, les textes demeurent très critiques ». Exemple de cette persévérance, « l'Encyclique Popularum Progressio de 1967 », très inspiré des travaux du dominicain Louis-Joseph Lebray, fondateur d'Economie et Humanisme, qui justifie l'errance des pays en voie de développement par la répercussion des méfaits du capitalisme.
Jean XXIII, Paul VI, et Jean Paul Il vont insister sur les problématiques de « l'avoir et de l'être. La société de consommation (l'avoir) est condamnée, la personne (l'être) est défendue. L'économisme et le matérialisme de la société moderne sont donc clairement dénoncés ». Cette fin de siècle observe plusieurs bouleversements qui influencent directement la position de l'Église et l'écriture de son enseignement social. Christian Baboin-Jaubert les résume à « la chute du Mur de Berlin, qui symbolise la quasi disparition de l'adversaire n°1 ; la mondialisation de l'économie et de la culture, laissant la maîtrise, politique des dysfonctionnements de plus en plus aléatoire; enfin le déplacement des problèmes de société du « social » - nouvelle donne, fin du travail - vers le sociétal - rapports de l'homme à la nature à travers la démographie et l'écologie, rapports de l'homme avec lui-même à travers l'affrontement... - ». Peut-on anticiper les grands thèmes qui inspireront la pensée sociale de l'Eglise dans les prochaines années ? Les textes pontificaux devraient « tenir compte de l'accentuation sans doute continuée du traitement éthique et spirituel des questions de société. Et ils devraient se positionner par rapport au seul système resté en lice, de plus en plus dominant et pour le moment sans alternative: le capitalisme libéral mondialisé sous contrôle anglo-saxon ». 


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