Musée des tissus : l'imbroglio pourrait enfin se dénouer à la rentrée

Le feuilleton du Musée des Tissus et des arts décoratifs de Lyon se poursuit non sans quelques désaccords clairement affirmés. Etat, CCI et Unitex soutiennent le projet de la Région Auvergne-Rhône-Alpes et ont décidé d'un commun accord d'engager la phase 3 de l'étude jeudi dernier, lors d'un énième comité de pilotage. Mais à ce stade, la ville et la métropole ne veulent pas de ce scénario qu'elles inadapté. Il va être affiné en tenant compte de certaines demandes des collectivités locales. Lyon et la Région arriveront-elles à se mettre enfin d'accord ? Verdict à la rentrée.

De réunion de la dernière chance en réunion de la dernière chance, le musée des tissus et le musée des arts décoratifs (MTMAD) de Lyon, qui emploient 21 salariés, sont toujours dans l'attente. Comment va se dessiner leur futur ?.

"Nous avons acté la demande de la ville et de la métropole de Lyon de repousser la décision à fin septembre", déplorait Etienne Blanc, 1er vice-président à la région Auvergne-Rhône-Alpes, à l'issue d'un énième comité de pilotage, le 20 juillet dernier.

Ce report a été accepté par toutes les parties concernées alors que Emmanuel Imberton, président de la CCI de Lyon Métropole - propriétaire historique de l'institution culturelle mais n'ayant plus les moyens financiers d'en assurer la gestion - avait souhaité, début juillet, que l'arbitrage soit rendu avant les vacances. Georges Képékénian, le nouveau maire de Lyon et précédent 1er adjoint à la culture, interrogé par Acteurs de l'économie - La Tribune, promet une réponse avant la fin septembre.

Scénario 1

Etat des lieux : le conseil régional présidé par Laurent Wauquiez (LR) s'est déclaré prêt à endosser le pilotage du MTMAD en exigeant son maintien dans les deux hôtels particuliers (Villeroy et La Croix-Laval), sis rue de la Charité, dans la presqu'île de Lyon. Cette option correspond au scénario 1 de l'étude remise en mai dernier par le cabinet In Extenso Tourisme, Culture et Hôtellerie et prévoit une rénovation ambitieuse pour créer une "cité-musée des tissus et arts décoratifs" dont l'enveloppe globale est chiffrée à 31,12 millions d'euros. Un choix non partagé par la ville et la métropole. Georges Képénékian confirme vouloir le scénario 2 : il consiste à garder un des deux hôtels particuliers pour loger les Arts décoratifs et la rénovation serait, en partie, payée par la vente de l'autre.

Un centre de conservation

Les collections de tissus seraient, elles, déménagées dans un centre de conservation.

"Nous considérons que nous pouvons trouver et mettre à disposition un bâtiment adapté, de 5 000 mètres carrés, dans le périmètre de la métropole", souligne le maire de Lyon. "On peut imaginer une équipe de 3 à 4 personnes dans ce centre et un accueil sur rendez-vous des spécialistes effectuant des recherches".

Lire aussi : Musée des Tissus, ce joyau méconnu de la recherche

La présentation au public s'effectuerait dans le cadre d'expositions temporaires, soit spécifiques aux tissus soit placées sous des thématiques plus larges, dans les autres musées de la ville mais aussi ailleurs.

"Ce musée hors sol doit servir à la vie muséale de cette ville", défend l'élu.

Soutien de l'Etat, de la CCI et d'Unitex

"Ce dossier était bloqué depuis plusieurs années et cela tournait en rond", martèle Etienne Blanc. "Pour le débloquer nous avons proposé à la CCI de nous transférer pour l'euro symbolique les deux hôtels particulier estimés à 16 millions d'euros. En contrepartie nous investissons 10 millions d'euros en travaux, dans un premier temps mais nous pouvons aller au-delà".

Le 1er vice-président régional précise que cette proposition convient à l'Etat qui participera à hauteur de 5 millions d'euros sur la base des factures présentées. Soutien également de la CCI et d'Unitex (le syndicat des industriels du textile) qui s'est engagé à apporter 500 000 euros en 2018 et la même somme en 2019 au titre de l'amorçage d'un fonds de dotation pouvant atteindre 10 millions d'euros.

Budget de fonctionnement

Forts de cet accord Région, Etat, CCI et Unitex, "nous avons décidé d'enclencher la phase 3 de l'étude", relate Grégoire Giraud, vice-président du syndicat textile.

"Le scénario 1 va être affiné pour être en synergie avec les musées des Beaux-Arts et Confluences. Je suis convaincu que ce projet de qualité, dans cet emplacement de qualité avec des coûts raisonnables remportera l'adhésion de la ville et de la métropole. Qu'elles accepteront de participer au montage financier bouclé à près de 90 %."

Il est demandé aux deux collectivités locales de contribuer au budget de fonctionnement à hauteur de 600 000 euros, environ. Le cabinet In Extenso l'évalue autour de 3,5 millions par an pour le scénario 1. La moitié environ serait couvert par les recettes propres : billetterie et autres. La Région s'engage à mettre 1 million d'euros par an, la CCI 200 000 euros  sur la durée du mandat actuel, l'Etat apportant 300 000 euros en 2018, 2019 et 2020.

"On nous met le couteau sous la gorge".

"Nous ne sommes pas les fossoyeurs de ce musée mais nous ne pouvons pas donner l'argent que nous n'avons pas, certifie Georges Képénékian. Nous pensons que ce projet n'est pas adapté. Nous demandons qu'il soit envisagé dans un périmètre budgétaire raisonnable".

Le maire dénonce la méthode : "On nous met le couteau sous la gorge. La Région déboule. Elle dit on prend le leadership. J'estime cette entrée en matière très militaire".

Etienne Blanc réagit vivement : "Nous avons décidé d'y aller au terme de longues discussions. Nous avons réussi à amener autour de la table : Etat, la CCI et les industriels et pourtant, la ville et la métropole nous taclent. Irons-nous sans elles, je ne peux pas le dire aujourd'hui. Notre offre est la seule qui existe et je ne vais pas la modifier".

Les points de vue vont-ils se rapprocher au cours des semaines à venir ?

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