Aéroports de Lyon  : des divergences malgré une déclaration commune

Les quatre actionnaires minoritaires locaux des Aéroports de Lyon ont émis un communiqué conjoint où ils évoquent les amendements consensuels qu'ils ont présentés au ministre de l'Économie. Tous aspirent à l'expansion aérienne de cette plateforme, mais les intérêts s'opposent sur les développements immobiliers et commerciaux.

Tous sur la même longueur d'onde, tout au moins sur le papier. La région Auvergne-Rhône-Alpes, la métropole de Lyon, le département du Rhône et la CCI Lyon Métropole, ont rédigé un communiqué commun, mercredi soir, après leur rendez-vous avec Emmanuel Macron, ministre de l'Économie, dans le cadre de la concertation relative à la privatisation de la société des Aéroports de Lyon.

"Toutes les parties étaient à l'écoute et la réunion s'est avérée constructive. L'appel d'offres devrait être lancé prochainement", résume la déclaration conjointe.

Selon nos informations, une prochaine réunion de concertation est prévue d'ici deux à trois semaines.

Les amendements consensuels

Les partenaires publics locaux, qui se partagent 40 % des titres de la société aéroportuaire, énumèrent les principaux amendements qu'ils ont présentés au projet de cahier des charges. Ils évoquent des éléments qui ne peuvent faire que consensus entre eux.

Il en va ainsi du "renforcement des exigences en termes d'expérience de gestion aéroportuaire pour la sélection des candidats éligibles à la reprise" des 60 % de parts de l'État, peut-on par exemple lire dans le texte commun.

Même constat quand ils réclament les "nécessaires précisions à apporter quant aux modalités de leurs associations aux différentes phases de la procédure d'appel d'offres", ou encore "la maîtrise des impacts des nuisances environnementales".

Quid de la CCI ?

On ne voit pas comment ils ne seraient pas tous d'accord pour demander "l'allongement de la durée obligatoire de conservation" par le futur actionnaire majoritaire, "des parts de la société pour atteindre a minima sept ans" ou encore "la mise en place d'un comité de suivi des engagements et des investissements" afin que les actionnaires minoritaires puissent "peser de manière claire sur les décisions".

Conserveront-ils une minorité de blocage si la CCI, qui détient aujourd'hui 25 % des actions, se décidait à vendre, même partiellement, sa participation, à plus ou moins court terme ?

Emirates et Genève

Les partenaires locaux assurent avoir été entendus par le ministre pour obtenir "dans les meilleurs délais" les deux vols hebdomadaires supplémentaires concernant la ligne Lyon-Dubaï d'Emirates. Auront-ils gain de cause avant la fin du processus de privatisation ?

Par ailleurs, que faut-il lire entre les lignes de cette phrase  du communiqué attirant l'attention d'Emmanuel Macron sur "la situation spécifique de Lyon du fait de la proximité de l'aéroport de Genève, premier concurrent de Saint-Exupéry".

À ce propos, Gérard Collomb, président de la métropole de Lyon (7 % des parts) a répété, à maintes reprises, son opposition à une solution passant par Genève. Un parti pris qui n'est pas partagé par la Région (5 %), et en particulier par Étienne Blanc, premier vice-président (LR) et maire de Divonne-les-Bains, une commune frontalière à la Suisse, qui voit une complémentarité entre les deux plateformes. Cette position régionale était la même sous l'ancienne majorité, présidée par Jean-Jack Queyranne (Parti socialiste).

Lire aussi : Jean-Jack Queyranne : "Écarter Aéroport de Genève du capital d'Aéroports de Lyon serait une erreur historique"

Quant à Christophe Gilloteau, président LR du département du Rhône (3%), il considère que Gérard Collomb manifeste un fort tropisme en faveur de Vinci :

"Si ce groupe s'intéresse à Saint-Exupéry, c'est bien que c'est une bonne affaire", glisse t-il.

City Airport

Un autre point de divergence concerne le développement immobilier autour de l'aéroport de Lyon-Saint-Exupéry.

"Gérard Collomb ne veut pas d'un développement économique autour de l'aéroport. Il considère ouvertement que cela reviendrait à concurrencer le pôle commercial et tertiaire de la Part-Dieu. Or, il y a de la place pour les deux avec des offres différentes", précisait récemment Étienne Blanc à Acteurs de l'économie-La Tribune.

Le prix

Quoi qu'il en soit, la désignation du groupement qui remportera la plateforme lyonnaise revient à l'APE (Agence de participations de l'État). Et les actionnaires minoritaires ne seront pas associés au choix ainsi que le stipule le cahier des charges détaillé par LyonMag.

La parade pourrait alors être trouvée si la CCI décidait de vendre des actions, avant la privatisation et, en tant que cédante elle aurait ainsi voix au chapitre. En tout état de cause, on peut imaginer que le prix, sur la base d'une valorisation pouvant raisonnablement se situer entre 800 millions et un milliard d'euros, sera déterminant car l'État a besoin d'argent.

Il n'est pas du tout certain que le nouveau propriétaire ait besoin de procéder à une augmentation de capital avant quelques années. Le programme d'investissement de 220 millions d'euros en cours au Terminal 1 donnera à l'aéroport une marge de manœuvre confortable pour faire croître le nombre de voyageurs accueillis.

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Commentaires 2
à écrit le 06/03/2016 à 14:31
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Ce serait une bonne opportunité (la privatisation) pour pousser l'État à lâcher des droits d'ouverture de lignes à LYS. Pour cela, ce serait d'autant plus efficace en s'appuyant sur Air France! Les politiques lyonnais devrait, à mon humble avis, re...

à écrit le 06/03/2016 à 14:06
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Il faudrait surtout que l'autorisation d'ouverture de ligne à LYS ne soit plus préemptée par les parisiens inféodés à ADP... et ça, ça ne changera pas avec cette privatisation qui n'est motivée QUE par le besoin d'argent pour l'État ! Quand à la déc...

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