Porcher Industries : la vente est signée

Warwick Capital Partners, société de gestion de fonds, devient le nouveau propriétaire de l'industriel isérois Porcher Industries, fort de 1 950 salariés dans le monde. Le processus de vente a été freiné par les nombreux recours déposés par un des héritiers qui s'oppose à la cession qui a fait l'objet d'un compromis il y a plus d'un an.

Mise à jour le 7 juin à 14H30

La vente de Porcher Industries, fabricant isérois de tissus techniques et de composites, au fonds londonien Warwick Capital Partners revient de loin. Le processus s'est accéléré dans la dernière ligne droite et c'est ce vendredi 2 juin, à l'issue d'une dernier assemblée générale familiale convoquée à 9 h 30, que l'acte a été signé, plus d'un an après le compromis conclu le 18 mai 2015.

"Warwick a fait preuve de patience. Cela prouve qu'ils sont intéressés par l'entreprise. Et objectivement, il y a eu un travail d'équipes de grande qualité entre les différents conseils. Nous avons su nous parler et nous fédérer face à l'adversité", témoigne Edouard Bertrand, l'avocat de l'indivision Giraud, interrogé par Acteurs de l'économie-La Tribune.

                        >> Porcher Industries : les étapes clés du dossier

Si la majorité des actionnaires familiaux* approuve cette opération, Philippe Porcher un des héritiers, soutenu par sa mère Claire Porcher, n'a de cesse de déposer des recours et des assignations en référé pour la bloquer.

Mésentente

"Il est nécessaire pour préserver les emplois de permettre à l'acquéreur de prendre le contrôle et la direction opérationnelle en toute liberté et sans attendre l'issue de procédures qui durent et vont durer encore vraisemblablement de nombreuses années", avise, à son tour, l'ordonnance du tribunal de commerce de Vienne datée du 1er juin.

Il revenait à la juridiction présidée par Jacques Altschul de statuer sur la cession de la Société saumuroise de participation (SSP), la sous holding familiale détenant 63,47 % du capital de Porcher Industries (PI).

De son côté, le tribunal de grande instance de Bourgoin-Jallieu, en Isère, a autorisé, le 4 février dernier, la vente de la Société civile des terres froides (SCTF), la holding familiale relevant de son ressort. En raison d'une mésentente très ancienne entre deux groupes d'associés familiaux la dissolution de ses sociétés a été prononcée dès le 12 mars 2009 à la demande de Robert Porcher, décédé en juin 2011.

 "Il faut que Warwick prenne les manettes"

"La dimension familiale est déterminante pour mesurer l'ampleur du conflit", rappelle Edouard Bertrand. D'ailleurs, la vente se finalise ce vendredi avant que la Cour d'appel de Grenoble saisie par Philippe Porcher, qui en est à son 19e avocat en six ans, rende son arrêt (l'appel n'était pas suspensif en raison d'une décision exécutoire) le 7 juin prochain concernant la SCTF.

"Par deux fois, les juges ont validé la vente par des décisions exécutoires. Par ailleurs, le ministère de l'Economie, donc l'Etat a donné son feu vert après avoir procédé vérifications et contrôles nécessaires. Il faut que cessent définitivement ces actions judiciaires et que Warwick prenne sans attendre les manettes de l'entreprise pour en assurer le développement", appuie à son tour Jean-Marie Chanon, l'avocat de Bruno Sapin (SELARL AJ Partenaires).

Ce dernier a été désigné (en janvier 2012 succédant à Michel Bruyas) liquidateur des holdings avec la mission d'accomplir les diligences nécessaires pour rechercher un repreneur. Pour ce faire, il s'est fait aider par Transaction R, filiale du groupe Rothschild.

Purger les  recours

Ainsi donc et selon les termes du protocole, Warwick Capital Partners prend le contrôle majoritaire de Porcher Industries via la SARL FII CO sis au Luxembourg. Ce véhicule est détenu "directement et indirectement par des fonds gérés ou conseillés par Warwick" et sa  "période d'investissement a été prorogée jusqu'en 2019", note le jugement du tribunal de commerce de Vienne. Et de confirmer "la capacité financière du cessionnaire".

La transaction s'effectue au prix de 50,1 millions pour 100 % des actions : "89,8 % de la somme seront payés tout de suite et le solde en différé de deux ans sans stipulation conditionnelle". Toutefois l'argent sera placé sous séquestre et les cédants ne toucheront pas le moindre euro tant que tous les recours présents et à venir, visant à obtenir l'annulation de la vente, ne seront pas purgés.

100 millions d'euros d'investissements

Les statuts juridiques de Porcher Industries, basé à Badinières (Isère) et fondé en 1912, ne seront pas modifiés par le nouveau propriétaire. Le président du conseil de surveillance de la gouvernance à venir sera désigné ce vendredi et procédera à la nomination du directoire, qui en tout toute logique, sera André Genton.

Le personnel, consulté en janvier 2016 et ayant donné un avis positif sur cette reprise, a été informé que Warwick s'engageait à injecter 100 millions d'euros dans les différentes usines dans le monde dont 34 millions d'euros en France sur quatre ans. Outre les investissements dans l'outil industriel, des moyens supplémentaires seront donnés à la recherche et au développement, notamment dans l'Hexagone.

Le groupe industriel, qui emploie 1 950 salariés, a enregistré 305 millions d'euros de ventes en 2015, stable par rapport à 2014, hors effets devises monétaires.

*La famille contrôle 83,7 % du capital de Porcher Industries aux côtés de 4 financiers pour 16,3 %. Il s'agit de Crédit Agricole, Siparex, Natexis et BNP Paribas (8,6 %). Cette banque est la seule à ne pas vouloir vendre à ce stade sa participation.

La décision du TGI confirmée en appel

La Cour d'appel de Genoble a rendu ce mardi après-midi son arrêt confirmant le jugement du tribunal de grande instance de Bourgoin-Jallieu. "C'est une nouvelle décision qui respecte le droit et qui prend en considération l'intérêt social du groupe Porcher Industries", se félicite Jean-Marie Chanon.

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