STMicroelectronics : les syndicats demandent un changement de stratégie

Lundi 7 septembre, une délégation intersyndicale de ST (CFDT, CFE-CGC, CGT et UNSA) a été reçue par le cabinet du ministre de l'Économie, Emmanuel Macron. Au menu de cette rencontre : des discussions sur l'avenir de la filiale numérique et sur la stratégie du groupe. Son chiffre d'affaires, établi à 7,4 milliards de dollars en 2014, a chuté de 20% depuis 2005.

Ils étaient venus ensemble, avec une pétition rassemblant près de 4.900 signatures à la main. En fin d'après-midi, une délégation syndicale comprenant les 4 principales représentations de ST (CFDT, CFE-CGC, CGT et UNSA) a été reçue lundi par le directeur de cabinet du ministre de l'Économie, ainsi que par le conseiller social et le conseiller nouvelles technologies à Bercy.

Leur objectif : convaincre l'État de demander au groupe franco-italien, dont il est actionnaire à 12%, des garanties concernant la stratégie et l'emploi, alors que ST vient d'être relégué de la 3e place à la 11e place au sein du dernier classement mondial de l'industrie des semi-conducteurs.

Une vision commune ?

"Nous avons remis la pétition et fait une courte présentation du groupe, en demandant à l'État comment il voyait le groupe, ce qu'il voulait faire car il représente un actionnaire important", explique le délégué central CFE-CGC de STMicroelectronics, Jean-Marc Sovignet, joint par Acteurs de l'Économie.

S'il estime "avoir été entendu" par le ministère de l'Économie, cette rencontre officielle -qui s'est tenue sans la présence de la direction de ST-, n'a abouti à aucun décision ni annonce.

"L'État est en discussions avec ses homologues italiens et le management de ST. Mais notre point de convergence est le fait que l'État attend, comme nous, une vraie stratégie. Ils n'avaliseront aucune mesure sans stratégie réelle et ambitieuse", précise M. Sovignet.

Selon lui, les salariés italiens ont fait eux aussi une demande d'entretien auprès du gouvernement italien, mais celle-ci est jusqu'ici restée sans réponse.

Pour autant, Dominique Savignon, secrétaire du comité d'entreprise pour la CGT, rapporte : "Peu de rencontres ont eu lieu entre l'État et la direction du groupe depuis mai, on est un peu dans le statut quo. Mais cela veut dire aussi que rien n'est décidé et qu'il est encore temps d'agir", souligne-t-elle.

Une annonce qui reste dans les esprits

Car depuis mai dernier, une annonce du PDG de ST, Carlo Bozotti, avait fait craindre le pire concernant l'avenir du groupe. Lors d'une visite à Londres en présence des investisseurs, il avait affirmé à propos de la division numérique : "Les pertes deviennent intenables. Le problème a besoin d'être réglé et nous allons le régler".

Si la division numérique (DPG) -qui représente 12% du chiffre d'affaires et près de 1500 emplois- pourrait être directement touchée, le périmètre et les conséquences de cette annonce restent à préciser.

"Les chiffres sont difficiles à annoncer car il pourrait s'agir de DPG, qui inclut plusieurs autres divisions dont CPD qui travaille sur les circuits avancés, ou uniquement de CPD. C'est pourquoi il est difficile d'avoir une fourchette sur le nombre d'emplois concernés", avance Jean-Marc Sovignet.

Outre les pertes d'emplois que pourrait provoquer un arrêt de la division numérique, les syndicats ont pointé du doigt un problème de stratégie : "Le problème n'est pas uniquement le numérique. Le département MEMS va mal lui aussi et a perdu 25% des parts de marché en 2015 : si à chaque fois, on coupe les départements qui vont mal, il ne restera plus rien", affirme M. Sovignet, qui craint une stratégie décousue et ses répercutions sur les autres départements de l'entreprise.

"En refusant des marchés qui nous semblent trop petits en l'attente de gros clients qui pourraient sortir des milliers de pièces, nous perdons des occasions", souligne-t-il.

Vers une nouvelle stratégie ?

A travers ce déplacement, les syndicats sont donc venus demander l'élaboration d'une nouvelle stratégie pour l'entreprise, "à tous les niveaux, que ce soit pour les produits, les technologies et le marketing, pour ne pas rater les marchés qui viennent", précise Jean-Marc Sovignet, délégué CFE-CGC.

"Nous demandons le retour des investissements, ainsi qu'un changement de direction, car c'est la direction que nous avons aujourd'hui qui a planté ST Ericsson et le numérique", estime Dominique Savignon, à la CGT. Tous deux estiment que les États français et italien ont leur rôle à jouer dans ce dossier. "En détenant 12% des actions chacun, ils doivent avoir les moyens d'intervenir", souligne-t-elle.

En l'attente des résultats trimestriels du groupe qui seront publiés fin octobre, le Comité Central d'Entreprise (CCE) de ST a déclenché un droit d'alerte en mai dernier, en vue de saisir un cabinet d'expertise indépendant chargé de lui remettre des recommandations sur la stratégie du groupe. "Nous lui avons demandé d'étudier toutes les options et alternatives à la fin de CPD ou DPG afin d'éviter une casse sociale", annonce M. Sovignet, membre lui aussi du CCE, qui précise que ces propositions seront ensuite remises au conseil d'administration de ST et à l'État, à compter d'octobre, afin de servir de base de discussions.

Em l'attente, la CGT prévoit de "continuer les actions, probablement avec nos homologues italiens, pour montrer que nous sommes en relation avec eux", précise Dominique Savignon.

Contactés, le ministère de l'Économie ainsi que ST n'ont pas encore répondu à nos sollicitations.

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Commentaire 1
à écrit le 14/09/2015 à 13:21
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Pour être dans le semi-conducteur depuis 25 ans chez des concurents de ST plutôt aux US, ST est une entreprise qui va trop lentement en particulier sur la gestion des pertes et même sur les vitesses de développement de nouveaux produits. Je peux vous...

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