Le tribunal de commerce de Lyon accordera-t-il un nouveau sursis de 15 jours à Sillia VL, fleuron français de la fabrication de panneaux photovoltaïques ? Selon nos informations Robert-Louis Meynet, l'administrateur judiciaire, demandera ce report lors de l'audience de ce mercredi matin. L'entreprise placée en redressement judiciaire le 1er mars dernier est implantée sur deux sites, Vénissieux dans l'ancienne usine de Bosch Solar (capacité : 180 MW), et à Lannion (70 MW), dans les Côtes-d'Armor. Y sont respectivement employées 175 et 44 personnes mais la production est arrêtée depuis le 3 mars.
A ce jour, la recherche d'un repreneur n'a pas abouti malgré les nombreuses démarches de l'administrateur judiciaire et de ses équipes. Ce dernier nous expliquait début mai que la vidéo faite avec les salariés de Lannion avait donné lieu à 46 nouveaux engagements de confidentialité. Et il les espoirs demeurent.
Recom Italia, spécialiste des cellules et modules
Ce nouveau délai est donc sollicité pour donner leur chance à trois marques d'intérêt supplémentaires, de dernière minute. Recom Italia se serait manifesté pour acquérir l'unité de Lannion et l'ensemble du personnel. Spécialiste des cellules et des modules photovoltaïques, il compte parmi ses actionnaires le japonais Inabata, coté à la Bourse d'Osaka à Tokyo et fournisseur de Sillia VL. Est également cité Langa, basé à La Mezière, près de Rennes, un producteur d'énergies renouvelables figurant parmi les clients de Sillia VL.
Quant à Reaton, créé en 2015 à Paris suite à l'acquisition des actifs de Solabios (coté sur Alternext) et présidé par Charles Giscard d'Estaing, il se présente comme un concepteur, développeur et financeur d'installations dans le domaine des énergies renouvelables. Préalablement Luxol, fabricant savoyard de tuiles photovoltaïques, et Sofie (la holding de tête de Sillia VL) s'étaient positionnés. Sont-ils toujours dans la course ?
L'allemand CS Wismar s'est retiré
Pour sa part, l'allemand CS-Wismar, présent en France via une filiale commerciale sise dans l'agglomération lyonnaise, a décidé de jeter l'éponge.
"Nous avons étudié le dossier très sérieusement pendant des semaines. Nous avons visité les unités de Vénissieux et de Lannion, la première est totalement automatisée, la seconde est plus flexible", détaille Hugues Duplantier, dg de CS-Wismar France, interrogé par Acteurs de l'économie - La Tribune.
L'industriel germanique qui possède une usine d'une capacité de 300 MW à Wismar justifie son retrait en évoquant ce qu'il considère des incertitudes, sans en dire plus.
Dans quelle mesure les 300 MW que devait fournir Sillia VL à ses clients ayant remporté des appels d'offres CRE 2 et CRE 3 (Commission de régulation des énergies) ont-ils été sécurisés dans leur intégralité ? Il semblerait que 100 MW aient été libérés par la DREAL (direction de l'environnement) au profit d'autres fabricants ni français ni européens ! Un important contrat avait notamment été signé avec la Compagnie nationale du Rhône (CNR) dans le cadre de CRE 3 : 10 MgW doivent être livrés entre le 2e semestre 2017 et début 2018.
La clause du 17 juin
A Lannion, le personnel veut croire encore à la possibilité de sauver le site et ne baisse pas les bras. Ils ont lancé un appel au gouvernement. A Vénissieux, les anciens collaborateurs de Bosch souhaitent que la page se tourne pour eux. Leur ex-employeur germanique s'est engagé à leur accorder le même accompagnement financier que s'ils faisaient toujours partie du groupe. Cette clause est valide jusqu'au 17 juin 2017 et ne prendra effet qu'après la mise en liquidation de Sillia VL. La direction de Robert Bosch France l'a confirmé.
La défaillance de SolarWorld
Quant au contexte plus général du photovoltaïque en Europe, "il apparaît plus que jamais pertinent de créer un consortium industriel européen", écrivait Hugues Duplantier, dans une tribune, en janvier de cette année. Reprenant les termes du livre blanc du SERC (Syndicat des énergies renouvelables) le DG de CS-Wismar France insistait sur "l'importance de peser économiquement et industriellement sur le marché mondial pour notamment protéger notre souveraineté énergétique".
Depuis, et sans réelle surprise, l'allemand SolarWorld, premier fabricant européen de panneaux solaires, a été placé en procédure de sauvegarde. Une nouvelle fois, cette chute a été incriminée au dumping asiatique sur les prix.
Lire aussi : Photovoltaïque : la défaillance annoncée de Sillia fragilisera-t-elle la filière ?
"Les Chinois ont des usines dix fois plus grosses que les nôtres. Il ont des prêts à taux zéro", analyse le dg de CS-Wismar France. Nos bilans carbone sont moins élevés. Et nous nous en sortons plutôt pas mal car notre usine peut faire à peu près toutes les tailles de modules, elle est flexible".
Le fabricant d'onduleurs SMA
Même constat pour SMA, concepteur et fabricant allemand d'une gamme complète d'onduleurs : "il y a une compétition asiatique sur nos produits qui sont hyper-sophistiqués", confiait Jan Van Laethem, responsable pour la zone Europe de l'Ouest, à l'occasion des dix ans de la filiale française sise à Lyon. Cette pression sur les prix s'est traduite par des revenus divisés par deux pour ce groupe :
"Notre chiffre d'affaires de 2 milliards en 2012 est tombé à 1 milliard en 2016. Mais nous sommes restés profitables. Le marché de cette énergie du futur est en pleine croissance", rassure-t-il.
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