Jean-Luc Logel (cluster Eden) Défense  : "L'absence de standard européen pénalise la compétitivité"

Le Cluster Eden présidé par Jean-Luc Logel, par ailleurs à la tête de Centralpes, réunit 300 PME dont onze exposent au Forum TAC qui, placé sous le haut patronage d'Interpol et du ministère de l'Intérieur, a ouvert ce jeudi à Lyon. Les adhérents de ce dispositif réalisent en direct 45 % de leurs ventes à l'international vers le Moyen-Orient, l'Asie du Sud-Est et l'Amérique latine.

Acteur-La Tribune. Le Forum TAC (Technology against crime), dont la deuxième édition se tient jeudi et vendredi à Lyon, est-il stratégique pour le Cluster Eden (Défense, sécurité et sûreté) ?

Jean-Luc Logel. C'est un marché où des défis nouveaux sont à relever avec l'émergence de la cybercriminalité et de la cyberdéfense. L'irruption d'Internet change la donne et ouvre des opportunités pour innover car les paradigmes anciens sont bousculés. Les onze sociétés du cluster qui exposent sous le même pavillon sont très créatives en matière de surveillance électronique, sécurisation des drones, robotique aérienne etc.

En 2015, le cluster que vous présidez a signé une convention avec la Métropole dont l'objectif était de soutenir vos démarches à l'international. Qu'en est-il ?

La Métropole nous subventionne à hauteur de 60 000 euros par an. Au-delà de cet apport financier, cet appui local a permis de pérenniser le cluster à Lyon alors que la Fédération est devenue nationale en 2011.

C'était d'autant plus nécessaire que le conseil régional de l'époque ne voulait pas entendre parler d'un cluster défense et sécurité. Aujourd'hui, la Région, dont l'exécutif a changé, n'est plus dans le même état d'esprit et voit dans Eden un moyen de développer les PME de ce secteur. Et elle nous a apporté plus de 20 000 euros pour participer au TAC.

Que pèse l'exportation pour les sociétés du cluster ?

L'international absorbe 45 % de nos ventes, en exportation directe. Nous vendons au Moyen-Orient, en Asie, dans le Sud-Est asiatique. Eden a également conduit de grosses actions de prospection en Amérique Latine, Chili et Pérou en particulier.

Aux Etats-Unis le ticket d'entrée est trop élevé. Sunaero, fleuron en matière de réparation de fuites de carburants dans les avions, constitue une exception en s'implantant outre-Altantique.

Maintenez-vous la perspective pour les entreprises du secteur de créer dans la région une centaine d'emplois industriels directs en 2016, et trois fois plus pour les indirects ?

Nous restons très confiants avec une ambition encore plus grande. Centralp, ma société spécialisée les équipements électroniques embarqués, recrute quinze d'ingénieurs de R & D et des techniciens supérieurs supplémentaires. Ouvry, concepteur et fabricant de systèmes de protection individuelle nucléaire, radiologique, biologique et chimique, accroit ses effectifs de 25 %. D'autres entreprises embauchent comme Sorhea, dans la sécurisation de périmètres.

La dynamique du cluster donne une visibilité et crédibilité à ses adhérents dans un marché mondial de la sécurité en croissance de plus de 7 % par an. Et il va falloir que nous investissions et les dernières mesure sur l'amortissement sont assez favorables.

L'idée est également de constituer un pôle dans l'agglomération lyonnaise pour regrouper les industries de la sécurité sur un site non encore défini. De son côté, Byblos réfléchit à une école pour former le personnel de sécurité, un projet que le cluster soutient.

D'autant, qu'en matière de Défense, la France tire bien son épingle du jeu avec les récents contrats signés : Barracuda, le dernier né des sous-marins de la DCNS vendu à l'Australie, le Rafale à l'Egypte et au Qatar et peut-être à l'Inde. Des marchés qui présentent des opportunités pour vos entreprises...

On peut également citer le programme Scorpion de modernisation de l'armée de terre auquel est associé Nexter, les hélicoptères Tigre d'Eurocopter etc.

Mais les quantités demandées par les donneurs d'ordre à nos PME ne permettent pas de produire des composants en série. Nos prix ne sont donc pas compétitifs contrairement aux fabricants américains qui, eux, peuvent livrer des éléments pris sur étagère (en série) et amortis.

En fait, ce handicap français est surtout européen. Bruxelles n'arrive pas à trouver un accord sur un standard européen des véhicules blindés et des navires qui garantirait des séries plus grandes. Pour surmonter ce handicap lié aux quantités, nos sociétés jouent la dualité des marchés : Ouvry par exemple fabrique des équipements pour les enceintes militaires qui ciblent aussi la sécurité civile (pompiers) ou encore le RAID.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.