Ces 26 greentechs d’avenir, qui ont déjà séduit Schneider Electric et Solar Impulse

En marge du coup d’envoi de Grenoble Capitale Verte Européenne, le groupe Schneider Electric recevait la Fondation Solar Impulse vendredi dernier, en toute discrétion ou presque : car en conviant à son siège isérois une poignée de clients et partenaires de la région, en marge d’une exposition de startups, le spécialiste de la gestion d‘énergie et des réseaux intelligents comptait bien mettre en lumière 26 greentechs, qui ont toutes développées des innovations, prêtes à contribuer à la transition écologique mais aussi à recevoir de premières commandes.

On pourrait dire qu'à sa manière, l'isérois Schneider Electric a monté, à l'intérieur de son siège grenoblois d'IntenCity, son propre mini-CES (Consumer Electronic Show). Car avec l'aide de la fondation Solar Impulse, créée par l'explorateur Bertrand Piccard, le spécialiste des solutions pour rendre les bâtiments intelligents s'est donné une autre mission : provoquer la rencontre entre des startups innovantes, qui disposent d'une technologie de rupture dans leur domaine, et s'avèrent à la fois rentables, mais aussi prêtes à recevoir de premières commandes, et les besoins de ses propres clients et partenaires de la région.

C'est ainsi que Schneider Electric a accueilli une « exposition », 1.000 solutions et plus pour la Ville (en cours du 17 janvier au 1er avril prochain dans le cadre de Grenoble Capitale Verte européenne), et qui a pris également la forme d'un grand rendez-vous BtoB pour ces 26 startups françaises et étrangères, sélectionnées à la fois par la fondation Solar Impulse et par Schneider Electric.

Car qu'elles soient issues des domaines de la mobilité, de l'énergie, des bâtiments connectés, de la gestion des déchets et recyclage, ou encore de la foodtech, toutes partageaient déjà une visée : participer à la transition écologique, à horizon très proche, tout en revendiquant aussi leur rentabilité.

« Le premier objectif de Solar Impulse est de labelliser des technologies qui sont en même temps écologiques et économiquement rentables », a toujours rappelé l'explorateur.

Une manière de rassurer donc la vingtaine de clients et partenaires de Schneider Electric, qui avaient fait le déplacement la semaine dernière pour rencontrer ces pépites. Avec parmi eux, Vicat (Guy Sidos), Credit Agricole Sud Rhône Alpes ( Pierre Fort), Soitec (Paul Boudre), Verkor (Benoit Lemaignan) ou encore Gérard Perrier Industries (Francois Perrier) et HRS (Adamo Screnci)....

Face à ses propres clients, le PDG de Schneider Electric, Jean-Pascal Tricoire, a d'ailleurs pris acte du vent en train de tourner : « Notre conviction est que le progrès est urgent et qu'il faut faire vite pour changer de trajectoire », a-t-il affirmé, au regard des objectifs climatiques fixés par l'Accord de Paris. Avec toutefois, la nécessité « d'accompagner désormais les innovations qui existent », pour un monde de demain qui conjugue « technologie et durabilité ».

« Il y a quelque temps, le discours de Jean-Pascal aurait été celui d'une ONG verte. C'est aujourd'hui devenu celui d'un entrepreneur, et c'est extraordinaire de voir cette diversification qui va nous permettre de sortir de la dualité entre d'un côté, la décroissance et le mythe du chaos social, et de l'autre, le mythe du progrès qui amène au désastre écologique », ajoutait Bertrand Piccard.

Des chargeurs universels pour piles, aux routes solaires : le  monde d'après déjà esquissé par les startups

Avec parmi ces innovations qui n'attendent plus que de « passer à l'échelle », des solutions qui pourraient se traduire par une rupture dans nos modes de consommation, avec un "avant" et un "après".

C'est par exemple le cas du français RegenBox, qui veut lutter contre l'obsolescence programmée avec le développement, depuis 2017 en Ile-de-France, du premier régénérateur de piles alcalines ciblant spécifiquement les piles à usage unique, habituellement non rechargeables... Avec, en premier lieu, les piles LR6 et LR3, en s'appuyant sur « des pulsions microélectriques » et qui pourrait à l'avenir régénérer tout type de piles « à usage unique ».

Son ambition n'est autre que de réduire à la fois le volume de déchets toxiques généré par la consommation de piles à l'échelle mondiale, mais aussi leur coût économique. Si pour l'heure, son concept est proposé sous la forme d'un kit Do It Yourself à monter soi-même, la pépite ambitionne de développer prochainement un prototype qui pourrait lui ouvrir les portes de la grande distribution.

Piles regenbox

Autre exemple : le francilien Wattway solar Road, une spin-off du leader mondial des infrastructures de transport Colas qui, en lien avec Institut National de l'Energie Solaire (INES), a développé une « route solaire », c'est-à-dire un revêtement photovoltaïque embarqué dans une surface souple, susceptible d'équiper désormais non plus uniquement les toitures, mais également les routes, etc...

Si son premier galop d'essai mené sur une route départementale de l'Orne en 2016 n'avait pas permis de convaincre sur de grandes surfaces, ses fondateurs sont depuis revenus à la charge avec cette innovation, qu'ils comptent désormais proposer notamment sur de plus petites surfaces, afin de permettre d'alimenter par exemple, des panneaux de signalisation et de limitation de vitesse situés à proximité, des équipements de télésurveillance ou encore des lampadaires autonomes....

La gestion des déchets, un haut lieu des transitions à venir

Côté déchets, on note plusieurs innovations majeures : UBQ, qui s'intéresse par exemple à la question de l'avenir des déchets ménagers, en se proposant de les transformer en de nouveaux matériaux. Comprendre : des déchets alimentaires et organiques allant des pelures de banane aux os de poulet, en passant par des plastiques ou les emballages sales. Avec l'objectif, à terme, de remplacer par exemple des plastiques conventionnels à base de pétrole avec des matériaux composites pouvant eux-mêmes être recyclés.

De son côté, Néolithe (Pays de la Loire) compte même transformer les déchets non recyclables en pierres pour le secteur de la construction, grâce à une unité mobile de traitement mobile appelée The Fossilizator. Une technologie qui, en venant ainsi remplacer les procédés de traitements actuels des déchets (notamment l'incinération et les décharges), permettrait de traiter jusqu'à 10 tonnes de déchets par jour. Le tout, en réduisant fortement les émissions de CO2 à travers la production d'un nouveau granulat minéral, l'anthropocite, destiné à l'industrie de la construction.

Selon elle, les granulats de construction représenteraient encore « la matière première la plus extraite en France avec 55 % des tonnages totaux, soit 360 millions de tonnes », « causant ainsi des problèmes environnementaux tels que la dégradation des paysages ».

Une manière aussi de répondre à la demande des industriels, qui ont désormais l'obligation d'utiliser 50 % de matériaux recyclés, même si cette proportion reste encore difficilement atteinte aujourd'hui. Néolithe s'est notamment associée à des collectivités locales pour mettre sur pied, d'ici 2023, sa première unité de production de 4.800 m² à Beaulieu-sur-Layon (Maine-et-Loire), pour un coût global estimé à 9,2 millions d'euros et dont elle sera locataire.

Schneider Electric Solar Impulse

Une spin-off de l'industrie pétrolière, non loin d'un auvergnat qui veut révolutionner le recyclage des emballages

La spin-off francilienne, Celsius Energy, issue du groupe pétrolier Schlumberger, développe quant à elle un système de puits de géothermie urbaine composé de trois éléments (un système d'échange d'énergie géothermique, une pompe à chaleur et un système de contrôle numérique).

Avec une promesse : réduire les émissions de CO2 de 90%, en se passant notamment des systèmes de chauffage ou de climatisation d'origine fossile. Pour cela, elle a conçu une alternative aux chaudières à gaz et aux unités de réfrigération pour le chauffage et le refroidissement des bâtiments, basée sur la géothermie et des techniques de forages de surface particulières, qui lui permettent d'accéder en retour à « une énergie souterraine renouvelable et constante, disponible partout ».

Parmi elles, on remarque aussi un local de l'étape, et pas n'importe lequel : il s'agit de l'auvergnat Carbios, qui a développé une enzyme visant à recycler les PET (polyéthylène téréphtalate), l'un des principaux composants des emballages et bouteilles plastiques. D'une enzyme qui permettait de recycler seulement 3 % de PET, Carbios est parvenu à hisser ce score aujourd'hui à près de 90%, pour un recyclage désormais possible à l'infini ou presque.

Après avoir clôturé sa quatrième augmentation de capital d'un montant record de 114 millions d'euros au printemps 2021, la pépite vient de lever 30 millions d'euros auprès de la Banque Européenne d'Investissement.

Une somme qui lui permettra de financer une partie du démonstrateur industriel, qui vient d'être implanté sur le site de l'équipementier Michelin. Pour rappel, il ne s'agissait que d'une première pierre à son processus d'industrialisation, qui comprend également la création d'une première usine de recyclage enzymatique des polymères, à compter de 2024.

Sa cible : les 26 millions de tonnes de déchets plastiques qui sont produits en Europe, et dont 70% ne sont pas recyclées. Au cours des 10 prochaines années, la société estimait que le marché du recyclage des PET lui-même pourrait représenter jusqu'à 70 millions de tonnes produites annuellement à l'échelle mondiale.

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La liste complète des startups, sélectionnées par les deux partenaires :

- Dans le domaine des bâtiments connectés :  Gramitherm®, CoolRoof, Celsius Energy, ReWood, Harmony wireless battery-less Interface, Wind Tulips, SOPRA XPS, SageGlass, construction par impression 3D.

- Des infrastructures :  Wattway Solar Road, Philips SunStay, Structure légère de végétalisation, The Fossilizator

- De l'énergie : KITRO, Uzaje, Food Container ILB, Altivar 600, Altivar 312.

- Des déchets et du recyclage : UBQ : Waste Conversion Technology, Infinite Plastic Recycling, Back2Buzz, RegenBox, EMA.

- De la mobilité : EcoStruxure ™ EV Charging Expert, Cyclo Power Factory, K-Ryole.

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