Save Innovations produit de l’énergie avec presque rien

Produire de l’énergie grâce à de très faibles courants d’air ou d’eau… C’est la promesse des mini hydroliennes développées par la startup grenobloise Save Innovations, lauréate du Réseau Entreprendre et qui a signé un contrat de développement avec Grenoble INP. Elle vise à la fois le marché des bateaux de plaisance et des réseaux intelligents.
Bernard Perrière, président de Save Innovations et Gilles Lambinet responsable développement.

C'est en partant d'une problématique toute simple, comment créer un éclairage autonome sur son vélo, que Bernard Perrière, électrotechnicien, a développé une petite éolienne récupérant l'énergie produite par le vent lors de ses déplacements. Il a ensuite l'idée de récupérer l'énergie produite par l'eau, selon le même principe : "J'ai vu que ce système pouvait être alimenté et refroidi par l'eau, ce qui m'a ouvert à d'autres débouchés", explique Bernard Perrière, président de Save Innovations.

Le premier ? Prévenir les gaspillages au sein des réseaux d'eau dont le maillage est très étendu, en intégrant des capteurs rechargés grâce à une mini hydrolienne, alimentée par l'eau de la canalisation. L'avantage ? Inutile pour cela de tirer des kilomètres de câbles, ou d'installer des panneaux solaires dans des lieux isolés. Car dans un monde où l'on parle de plus en plus des smart-cities et de réseaux intelligents, Bernard Perrière voit tout de suite l'intérêt de "ces capteurs branchés sur un réseau autonome pouvant ainsi transmettre les informations nécessaires pour éviter les pertes".

Un contrat avec un grand industriel

Pour cela, la startup vient de signer un contrat de développement technique et commercial avec un grand exploitant dont le nom reste confidentiel et se trouve actuellement en phase de tests.

"L'objectif est d'identifier les premiers besoins et de définir la gamme de produits pour mettre en place une série de capteurs qui permettront d'éviter les pertes d'eau mais aussi de réduire l'utilisation de chlore en ciblant mieux le processus de désinfection", explique Bernard Perrière.

Après la conception d'un premier démonstrateur financé grâce au soutien de l'incubateur Gate 1, Save Innovations va désormais déployer deux sites tests en région alpine. "L'idée est d'avoir une gamme de premiers produits commercialisables en 2016, avec plusieurs tailles pour s'adapter au diamètre des tuyaux". Selon lui, le coût pour les collectivités ne serait pas plus élevé que de raccorder le système à des câbles, avec un amortissement sur 10 ans.

Les débouchés sont là : en France, le réseau de distribution d'eau potable représentait 906 000 kilomètres de conduites en 2008 tandis que les pertes sont chiffrées à 120 litres par abonné et par jour en France d'après les chiffres du syndicat des fabricants de réseaux les Canalisateurs de France... Reste toutefois à faire la preuve de cette solution de rupture auprès des collectivités, propriétaires des réseaux. "Mais pour cela, il faut changer les mentalités. C'est pourquoi il nous fallait aussi trouver un autre relai de croissance", affirme M. Perrière.

Des débouchés sur l'eau

Passionné par la voile, Bernard Perrière s'est donc tourné vers les hydrogénérateurs assurant l'autonomie des bateaux de plaisance, qui présentaient jusqu'ici selon lui un défaut : "On avait avant tout des modèles conçus pour la course, qui récupèrent de l'énergie avec une vitesse de 25 nœuds. Or, la vitesse moyenne d'un voilier est de 4,5 noeuds".

Après un an et demi de R&D et de tests, Save Innovations est désormais prête à lancer sur le marché son premier produit, un hydrogénérateur démontable de 30 cm qui se fixe à l'arrière des bateaux, destiné aux voiliers d'une longueur de 7 à 15 mètres. "Il y a 15 ans, l'électricité sur un bateau était du 50 watts. Aujourd'hui, on arrive à près de 150 watts avec l'ordinateur, le frigo, la pompe, le GPS...La possibilité de recharger ces appareils est devenue une sécurité, car si l'on n'a pas de courant, on est perdu", analyse-t-il.

Après avoir investi près de 1 million d'euros sur 2 ans pour le développement du générateur, la commercialisation de ses premiers produits a démarré lors du dernier salon nautique de Paris.  L'objectif ? Réaliser près de 1 million d'euros de chiffre d'affaires en 2015, pour un prix unitaire de 4 000 euros.  Ses compétiteurs ? Des constructeurs spécialisés tels que Watt & Sea.

D'autres marchés à venir

"Nous savons qu'il existe un grand nombre d'autres marchés qui pourraient être intéressés par notre technologie, comme la pétrochimie, le transport de vapeur, les réseaux de chauffage, les canaux d'irrigation... Nous avons été contactés, mais il faut à chaque fois étudier le marché", précise Bernard Perrière.

Si Save Innovations ne se lancera pas dans la conception des capteurs elle-même, pour se concentrer sur son cœur de métier, elle voit bien l'intégration de sa solution dans un produit existant en partenariat avec d'autres industriels. "Nous avons aussi des demandes pour produire de petites éoliennes qui permettraient de recharger son portable en soufflant dessus lorsque l'on se trouve dans un lieu isolé, mais nous n'avons pas encore abordé le marché de masse, car nous avons déjà beaucoup de travail et de besoins financiers pour nos développements".

Une levée de fonds de 600 000 euros est en cours sur la plateforme de financement Wiseed afin de financer des moyens de production industriels qui permettront de faire baisser les coûts et de lancer des actions commerciales. Installée à Grenoble sur la friche Bouchayer-Viallet, dans des locaux de 200 m2, la société vise les marchés internationaux et notamment l'Europe, l'Amérique du Nord et l'Australie / Nouvelle Zélande pour le marché nautique.

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