Prix Révolutionner : Hélène Courtois, l'ovni

Les galaxies n'ont plus de secret pour elle, et au-delà de l'exaltation que lui procure une nouvelle découverte, Hélène Courtois s'empresse de la transmettre au plus grand nombre afin que chacun puisse se l'approprier et développer sa culture scientifique. Une révolution dans un milieu conservateur que l'astrophysicienne s'applique à transformer à sa manière, privilégiant les clés de compréhension et d'explication plutôt que les méthodes traditionnelles de transmission du savoir. Elle est lauréate du 11e Prix de l'esprit d'entreprendre dans la catégorie Révolutionner.

Le conformisme, Hélène Courtois n'a jamais été très amie avec lui. Petite déjà, avide de comprendre le monde qui l'entourait, elle refusait d'appliquer, sans autre questionnement, ce qu'on lui imposait.

"J'étais contre et je le suis toujours. Je n'apprends pas quelque chose que je ne comprends pas, que je ne maîtrise pas. Qui plus est, je ne supporte pas l'autorité. C'est pour cette raison que je me suis faite renvoyer de la maternelle", raconte-t-elle, aujourd'hui, avec malice.

L'anecdote fera le tour de sa famille et marque la naissance d'une personnalité hors du commun aux contours "révolutionnaires". C'est dans l'enfance que se forge sa manière de concevoir la vie, tant professionnellement que personnellement. Au lycée, c'est elle qui, tous les matins, rassemble, mobilise et fédère ses camarades afin qu'ils expriment leur opposition au niveau, trop élevé, des frais d'inscription à l'université. "Sur l'ensemble de l'année scolaire, nous avons seulement eu trois mois de cours", se souvient-elle. L'école ne lui laissera donc pas un souvenir impérissable, les méthodes d'enseignement classiques et le cadre trop strict ne l'ayant jamais convaincue. Alors lorsqu'elle entame sa première année de faculté, en médecine, et en dépit de sa passion pour les sciences, elle déchante.

"Apprendre des cours par cœur, sans en connaître les raisons, ce n'était pas pour moi, reconnaît Hélène Courtois, ajoutant : nous ne savons pas apprendre à apprendre ni donner les clés de compréhension."

Un point de vue qu'elle défend, bec et ongles, et qu'elle n'a de cesse de rappeler. Paradoxalement, elle s'oblige à rentrer, un tant soit peu, dans le rang lorsqu'elle fait le choix de suivre des études d'astrophysique. Toujours la tête dans les étoiles, elle veut comprendre l'univers qui l'entoure. "Qui sommes-nous ?", "Où vivons-nous ?", "Comment en sommes-nous arrivés là ?"... autant de questions qu'elles se posent depuis ses premiers cours d'astronomie, à l'âge de 18 ans, et auxquelles elle tente de trouver des réponses dans les galaxies, afin de percer les mystères des origines de l'humanité. Celle qui n'aimait pas l'école vient à bout des onze années d'études et obtient son diplôme d'astrophysicienne.

Donner l'accès aux connaissances

Une astrophysicienne d'un troisième type qui décloisonne la science de l'espace dans l'optique de la transmettre à tous. Elle révolutionne son monde et enseigne désormais à sa manière, celle dont elle aurait sans doute aimé profiter dans sa jeunesse.

"La même information, je la décline selon plusieurs méthodes de vulgarisation en fonction des publics auxquels je m'adresse. Je déteste donner un cours en n'adoptant qu'une seule méthodologie."

Devant ses étudiants de l'université Lyon 1, où elle enseigne, ou lorsqu'elle diffuse la science par la démonstration devant des publics "empêchés" au planétarium de Vaulx-en-Velin, Hélène Courtois emploie la même démarche. "Je suis convaincue que cela révèle le meilleur de chacun", avance-t-elle. Donner l'accès aux connaissances, Hélène Courtois y est attachée.

Combat

Et lorsqu'elle découvre une nouvelle galaxie, outre l'exaltation que cela procure chez elle, elle s'empresse de la faire connaître au plus grand nombre.

"Mes découvertes ne m'appartiennent pas, elles sont à tous. D'ailleurs, il s'agit bien des préceptes de l'enseignement supérieur : recherche, enseignement universitaire et diffusion de la connaissance à la société."

Un discours qui dénote dans un milieu encore fermé où l'ego transpire à tous les niveaux. Une petite révolution que peu de chercheurs s'emploient à mener. La scientifique combat alors la bien-pensance de son milieu. En ouvrant les connaissances aux publics, en vulgarisant le savoir et en éduquant aux sciences, Hélène Courtois donne aux autres pour mieux s'en nourrir en retour. Anticonformiste, jusqu'au bout.

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