Prix Spécial : Thierry de la Tour d’Artaise, l’engagé

Homme discret, ancien escrimeur, Thierry de la Tour d’Artaise porte depuis 16 ans le groupe SEB au rang des plus belles réussites françaises. Ses valeurs humaines, il s’efforce de les transmettre aux collaborateurs mais aussi dans ses nombreux engagements associatifs. Elles ne sont pas étrangères à la foisonnante actualité du groupe (résultats records, inauguration du nouveau siège social, acquisition de WMF). Il est lauréat du 10e Prix de l'esprit d'entreprendre dans la catégorie Prix spécial.
Thierry de la Tour d'Artaise préside le groupe SEB depuis 2000.

"Ma plus grande fierté, c'est l'implication des salariés", assure Thierry de La Tour d'Artaise à propos de l'engagement social du groupe SEB qu'il préside depuis 2000. A la lutte contre l'exclusion, le champion mondial du petit électroménager consacre quelque trois millions d'euros par an.

« Chaque fois que nous ouvrons une filiale, nous réfléchissons à l'action la plus adaptée au pays », indique le président du groupe fort de 26 000 collaborateurs.

Ils seront 5 700 de plus une fois finalisée l'intégration de l'allemand WMF, une marque emblématique outre-Rhin qui, pesant un peu plus d'un milliard d'euros de chiffre d'affaires, va propulser ses revenus globaux au-delà de 5,8 milliards d'euros de chiffre d'affaires, après une année 2015 record durant laquelle, le groupe a connu un résultat net de 206 millions d'euros, en hausse de 21,2 %.

Chine, Colombie, Vietnam...

En Chine, son premier marché depuis l'acquisition de Supor en 2007, le fabricant d'articles domestiques poursuit la construction d'écoles (une quinzaine aujourd'hui) dans les régions les plus pauvres et contribue à leur fonctionnement. C'est naturellement que "TTDA", comme le surnomment ses proches, a été porté à la présidence du nouvel Institut franco-chinois, perpétuant les relations ancestrales entre Lyon et la Chine.

Au Vietnam, l'industriel finance des ventilateurs pour les orphelinats ou encore des boulangeries.

En Colombie, il participe à la réalisation de logements. En France, c'est 400 000 euros en numéraire et 900 000 euros en produits que la fondation SEB (transformée en fonds de dotation en raison des normes comptables IFRS) a donnés, l'an dernier, à des structures d'hébergement, des associations œuvrant pour l'insertion, etc.

Lire aussi : Seb : "Excellentes performances" en 2015

Thierry de La Tour d'Artaise préside également le comité des amis du Foyer Notre-Dame des sans-abri, une institution historiquement soutenue par le groupe et confrontée à des besoins grandissants.

"Des centaines de personnes dorment dans la rue à Lyon, faute de places pour les accueillir", déplore-t-il.

Autre cause : l'Institut Télémaque Rhône-Alpes qu'il préside depuis deux ans. Le nombre de collégiens et lycéens, brillants et motivés, parrainés jusqu'au baccalauréat, dans la région, a connu une belle progression : ils sont 85 issus d'un milieu peu favorisé.

"Mais nous sommes loin du compte. Mon job consiste à convaincre d'autres entreprises."

"Humain et simple"

Son chauffeur personnel, Stéphane, à son service depuis neuf ans, le décrit comme "un patron humain et simple".

"Il a un rapport très direct avec tout le monde, appuie Bertrand Neuschwander, son numéro 2. Quand il m'a recruté début 2010, j'ai immédiatement perçu sa capacité à exprimer une vision claire du développement de l'entreprise, de son rôle et de la façon dont les équipes doivent contribuer à un projet durable et rentable. Son discours est en cohérence avec ses actes."

Thierry de La Tour d'Artaise incarne les valeurs de l'entreprise familiale qu'il a intégrée en 1994 comme directeur général de Calor, après dix ans à la barre des Croisières Paquet.

"Au départ, l'électroménager ne m'intéressait guère", confirme ce polyglotte, diplômé de l'ESCP-Paris, marié à Bénédicte Lescure, une des petites-filles du fondateur et qui lui a donné cinq enfants.

"Mais je savais le groupe international, innovant et aux valeurs humanistes. Humanistes, mais pas paternalistes, car une entreprise ne peut nier la réalité économique, poursuit-il. Lorsque la fermeture d'une usine s'impose, nous le faisons proprement."

Exigence

L'ancien escrimeur - "un sport où il faut se donner"-  se remémore la lourde restructuration industrielle de 2006 et les 900 salariés touchés par l'arrêt de trois sites :

"Nous avons retrouvé un emploi à chacun."

Et quand tout va bien, l'intéressement - "élément fondamental de notre pacte social" - peut représenter "deux à trois mois de salaire pour les collaborateurs de la production. Et jusqu'à un mois et demi pour les cadres".

À 61 ans, le PDG a été reconduit pour quatre ans par l'assemblée générale du 19 mai. De la terrasse de son bureau, au deuxième étage du nouveau siège à Écully (Rhône), aménagé en campus et paysagé à l'américaine, il continue à faire partager à ses visiteurs la joie d'avoir réuni ce printemps au même endroit les 1 000 salariés lyonnais.

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