"Vulnérables sur une planète vulnérable"

Aime-t-on encore notre planète ? Réunis à l'invitation dans le cadre de Tout un programme le 24 novembre, Gilles Bœuf, océanographe et président du Muséum d'Histoire naturelle de Paris, Roger Guesnerie, économiste et Patrick Viveret, philosophe, ont dressé un constat alarmant de l'état de notre Terre. Pour eux un sursaut est impératif vis-à-vis des générations futures.

« Nos contemporains ne réalisent pas que nous n'avons qu'une seule planète. » Alarmiste, Gilles Bœuf ? Non, le président de Muséum d'Histoire naturelle apparaît réaliste, rejoint dans son constat par Patrick Viveret, philosophe, pour qui « nous sommes vulnérables sur une Terre vulnérable ». Tandis que Roger Guesnerie, économiste, rappelle « la finitude de notre planète comme objet naturel ».

Établir une relation pacifiée

Tous trois étaient réunis à l'invitation d'Acteurs de l'Économie - La Tribune dans le cadre du cycle de conférences « Tout un programme ». Ensemble, ils ont échangé et débattu, sous la houlette de Bernard Jacquand, s'interrogeant sur l'amour que l'on portait encore à notre planète. « On ne peut véritablement aimer notre planète que si l'on apprend d'abord à s'aimer soi-même », préconise Patrick Viveret. Et de prendre conscience de sa propre finitude pour mesurer celle de notre planète, avec laquelle il s'agit d'entrer « dans une relation pacifiée », estime Gilles Bœuf.

TUP 2014 Conférence du 24/11

Gilles Boeuf, océanographe et président du Muséum d'Histoire naturelle de Paris. (Crédits : Laurent Cerino)

Argent, pétrole et vitesse

Les dérèglements climatiques et  les atteintes portées à la biodiversité concourent à une prise de conscience collective des périls qui pèsent sur notre Terre. Mais cette prise en compte des enjeux environnement est entravée « par des forces d'addiction que sont l'argent, le pétrole et la vitesse », décrit Patrick Viveret. Ces addictions remplissent une fonction émotionnelles très forte : « elles nous donnent le sentiment d'être vivants. » Pour lutter contre ces forces, il s'agit de leur opposer « une énergie créatrice au moins égale et de préférence supérieure ». Au couple « incitation-dépression » qui caractérise nos existences, il faut substituer le couple « intensité-sérénité ». L'espérance de mieux-être, du bien-vivre doit être suffisamment forte pour nous débarrasser de nos addictions. Il nous appartient donc de construire un imaginaire positif qui tende vers le bien-vivre.

S 'aimer soi-même

Il n'y a de possibilité de mieux aimer notre planète que si nous, en tant que famille humaine, apprenons à mieux nous aimer nous-mêmes. Il existe une corrélation « entre le sentiment de mal-être et la démesure », estime Patrick Viveret. Cette corrélation prend corps dans le couple excitation-dépression, euphorie-panique, qui traverse les sphères médiatique, financière, sportive, etc. À la seule condition d'apprendre à mieux s'aimer elle-même, à devenir le peuple de la Terre, nous pourra comprendre la nécessité de mieux aimer ses écosystèmes nourriciers sans lesquels nous ne pouvons survivre. Mais la détestation de soi-même conduit sinon à la détestation, au moins à la chosification de la nature et de la planète.

TUP 2014 Planète

 Patrick Viveret, philosophe (Crédits : Laurent Cerino)

Altruisme intergénérationnel

La vaisseau spatial Terre voit aujourd'hui son intégrité menacée. Ce constat établi, que faut-il faire ? Pour Roger Guesnerie, il s'agit de « réconcilier raison économique et intuition écologique ». Il faut absolument abandonner « le modèle économique qui consiste à produire de la richesse en détruisant ou en surexploitant nos ressources naturelles », préconise Gilles Bœuf. Deux variables sont à prendre en compte : le degré d'incertitude face à l'avenir, qui doit être la principale raison d'agir, et la nature des bien collectifs à sauvegarder. « Il est de notre responsabilité de livrer aux générations futures une planète en bon état », prévient l'économiste qui évoque la notion d'altruisme intergénérationnel. Cette responsabilité vis-à-vis de ceux qui nous suivront interroge notre rapport au temps, au passé autant qu'au futur. « En tant qu'êtres vivants, nous sommes tous la prolongation d'une histoire évolutive, s'enthousiasme Gilles Bœuf. On ne comprendra bien notre présent, on n'envisagera bien notre futur qu'à condition de revenir sur notre passé. »

TUP 2014 Conférence du 24/11

Roger Guesnerie, économiste. (Crédits photos Laurent Cerino)

Nouvelle gouvernance mondiale

Le devenir de la planète devra résoudre trois grands problèmes, selon Roger Guesnerie. D'abord l'explosion démographique. Ensuite, la mondialisation des échanges. Enfin, le dérèglement climatique. Il faut pour cela établir de nouvelles règles de gouvernance mondiale. Il s'agit par ailleurs de définir de nouveaux indicateurs de richesse qui interroge la nature de nos activités, en mesure les bénéficies et en évalue les nuisances. Et substituer au PIB, « qui n'est plus un indice de bien-être » pour Gilles Bœuf, le critère de BIB, « Bonheur Intérieur Brut ». Il faudra enfin, conclut Patrick Viveret, « construire les éléments d'une citoyenneté planétaire ». Tous, titulaires de cette citoyenneté, conscients d'être enfants de la planète, nous pourrons alors nous engager à sa sauvegarde.

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Commentaires 2
à écrit le 27/11/2014 à 19:36
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Poncifs...

le 30/11/2014 à 12:00
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Pas vraiment nécessaire de remplir la case "réagir" pour poster un commentaire aussi vide de sens que la cervelle qui l'a éructé.

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