Monde de rupture et c'est tant mieux

La première conférence du cycle "Tout Un Programme" proposé par Acteurs de l’Economie et La Tribune avait lieu le 19 novembre en partenariat avec l'EMLYON et animé par Claude Costechareyre. Autour de ce constat enthousiasmant : monde de rupture, l’opportunité de tout casser.
Bernard Belletante, Jean-Marie Cavada et Pascal Picq les trois intervenants de cette conférence

« Le changement est déjà là, sous nos pieds mais nous manquons de repères pour nous y adapter. C'est comme si un pilote plongeait à la limite du décrochage avec les pieds déjà vers l'avant mais le cerveau encore en arrière », illustre Jean-Marie Cavada, député européen et président du mouvement Nous Citoyens. Enchanté de participer à cette conférence devant « plus de 700 personnes affamées d'idées ».

TUP 2014 Conférence du 19/11

Jean-Marie Cavada, député européen (Crédits : Laurent Cerino)

Construire des châteaux forts ?

Le paléoanthropologue Pascal Picq renchérit : « nous ne vivons pas une crise mais un changement de paradigme. Nous quittons un monde, un autre est à construire, c'est excitant ». Sous l'effet de la mondialisation et surtout de l'omnipotence des outils numériques à tous les étages de la vie économique, financière, politique, éducative... nos vieux modèles, (en particulier celui des Trente Glorieuses) nos certitudes craquent de toutes parts.

« Le numérique fait exploser toutes les frontières, il n'y a plus besoin d'écoles physiques. Côté mondialisation, 5% de la population indienne soit 65 millions de personnes ont un diplôme de l'enseignement supérieur, parlent parfaitement anglais... Qu'allons-nous faire? Construire des châteaux forts, nous accrocher à nos statuts ? Nous sommes passés d'une éducation par les stocks à une éducation par les flux, c'est plein de richesses de penser cela, considère Bernard Belletante directeur général d'EMLYON.»

Encore des grands singes !

Selon Jean-Marie Cavada, c'est comme si des plaques tectoniques bousculaient avec force la France, l'Europe disloquant des sociétés pas encore prêtes au changement. A travers le regard forcément plus large du paléoanthropologue, nous vivons une de ces phases de ponctuation qui marquent périodiquement (sur quelques millions d'années tout de même) l'évolution. On comprend que la période soit rude à vivre d'autant que Pascal Picq précise :

« Nos gênes évoluent plus vite que nos représentations culturelles. Et d'ailleurs il n'existe pas de rupture totale, nous demeurons encore des grands singes ! ».

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Pascal Picq, paléoanthropologue (Crédits: Laurent Cerino)

Vive l'adaptabilité

Soit, nous allons vers un monde nouveau mais quel sera-t-il ? Pas de réponse encore, ce qui peut sembler vertigineux. Ou enthousiasmant car finalement défi est lancé à tous de construire, en avançant. « Nous ne savons pas où nous allons mais nous avons intérêt à partir parmi les premiers pour participer à l'élaboration de ce monde nouveau ». Et Pascal Picq de prôner l'adaptabilité, particulièrement dans les univers économiques, éducatifs : « il faut se former tout le temps, réapprendre à apprendre tout le temps, c'est cela l'adaptabilité ».

Pour Bernard Belletante, exit le savoir fixé une fois pour toutes, le professeur plein de certitudes et d'autorité :

« Nous devons rompre avec notre chaine de valeurs, rompre avec l'espace d'enseignement traditionnel, rompre avec l'espace national. Défendre l'apprentissage par l'action, ouvrir nos étudiants sur la vie, les inscrire d'emblée dans la mondialisation ».

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Bernard Belletante, directeur de l'EMLYON (Crédits : Laurent Cerino)

Fin du jacobinisme français

Quel système nous permettra de vivre dans ce monde nouveau ? Jean-Marie Cavada fustige le jacobinisme français, plaide aussi pour l'apprentissage des édiles politiques :

« Fini les organisations verticales, l'autorité publique doit s'horizontaliser, se rapprocher des bassins d'innovations. Descendons de notre arrogance dirigiste, déconcentrons les pouvoirs publics, les espaces où nous pourrons avancer sont les ensembles régionaux et l'ensemble mondial ».

La rupture d'évidence est avérée : on dit que 40% des métiers actuels seront bouleversés par des automates ; des gouvernements s'écroulent sous les coups de masses populaires et d'opinions publiques mobilisées sur les réseaux sociaux... il y a urgence, et d'ailleurs pas le choix, à s'inscrire dans ces changements.

Ils vont ailleurs

Pourtant la France rechigne : « 35 % des étudiants de cette Ecole partent hors de France pour leur premier emploi, dont 60% vers l'Asie », informait Bernard Belletante. Jean-Marie Cavada nuance : « pour eux, ils ne quittent pas la France, ils vont ailleurs... ». Pascal Picq se dit optimiste, il note l'appétence et l'agilité de la génération Y pour le travail en mode projet, pour les fonctionnements collaboratifs, collectifs, solidaires... toutes pratiques précieuses pour l'avenir, « grâce aux outils numériques, ils savent très bien faire ». Et il attend avec impatience les « exploits » de la génération Z.

TUP 2014 Conférence du 19/11

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Commentaire 1
à écrit le 21/11/2014 à 18:08
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Bien sûr très bien ces conférences, mais il faut pas non plus rester béat devant l'informatique se ne sont que des outils de travail, dont personnellement j'utilise ceci depuis plus de 30 ans et il n'y a pas de quoi crier au miracle et faire du snobi...

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